Un déficit estimé à 15 000 enseignants a été relevé par les membres du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), par la voix d'Idir Achour, qui évalue le manque d'enseignants dans le secondaire à 4000 éléments à l'échelle nationale. «Nous avons recensé des classes sans enseignant, notamment dans les matières de mathématiques et de langue française.» Nous avons recensé des classes sans enseignant, notamment dans les matières de mathématiques et de langue française. Nous avons également eu des informations concernant un déficit en professeurs de physique, déficit récurrent depuis quelques années» explique Idir Achour, qui estime que cela a engendré une surcharge énorme des effectifs d'une seule classe. Selon le CLA, il y a 45 élèves par classe, alors qu'en moyenne les normes universelles limitent les effectifs à 26 élèves. En détail, dans les classes de terminale, la moyenne est de 42 élèves par classe et 45 pour les 2e année secondaire. En première année, les classes sont composées en moyenne de 38 élèves. «Cette surcharge, qui cache un énorme déficit en enseignants et infrastructures, rend la tâche des encadreurs compliquée. Il est très difficile pour un enseignant de maîtriser une classe de 42 élèves. Il est clair que les dérapages seront monnaie courante», s'inquiète le représentant du CLA. Il interpelle la tutelle sur les désastres de cette surcharge au niveau du primaire, où les enfants qui vont à l'école pour la première fois ne sont pas bien pris en charge à cause du même problème. La surcharge des classes se pose avec acuité dans les centres urbains. Elle est accentuée par les différentes opérations de relogement qui n'ont pas été suivies de réalisation de structures au niveau des nouveaux sites. Le départ «massif» à la retraite est désigné comme étant un autre facteur. Selon Nouar Larbi, coordinateur national du Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest), 10 000 enseignants ont été mis à la retraite dans le courant de l'année. Ces départs seraient motivés par les avantages sociaux, dont bénéficient les fonctionnaires à la retraite du secteur de l'éducation. Les concours de recrutement organisés avant le début de l'année se sont avérés «insuffisants» pour combler le déficit en enseignants, déplorent les syndicalistes qui rappellent que 12 000 enseignants seulement ont été recrutés alors que les besoins dépassaient de loin les 30 000. Professeurs en pré-emploi Si dans certains établissements, les élèves attendent toujours qu'un enseignant franchisse le seuil de la classe, dans d'autres, les responsables ont trouvé un moyen de combler «en façade» ce déficit en puisant dans les listes de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) qui fournit aux directions de l'éducation des enseignants «low cost». En effet, selon les syndicalistes du CLA, des enseignants ont été recrutés dans le cadre du pré-emploi ; ils assurent la fonction de professeurs dans les différents paliers avec des salaires ne dépassant pas 15 000 DA/mois. La précarité des conditions de vie renseigne sur le cadre dans lequel ces effectifs essayent d'assurer leur travail. «Il faut compter quatre ou cinq enseignants recrutés dans le cadre de cette formule dans des centaines d'établissements scolaires», explique M. Achour qui pointe du doigt «des anomalies ayant fait avorter les résultats des concours de recrutement. Le nombre des enseignants recrutés ne couvre pas le déficit, et les critères de sélection ne prennent pas en compte les aspects psychopédagogiques nécessaires d'un enseignant pour la maîtrise de ses élèves. Des lacunes qui expliqueraient, selon M. Meriane, président du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest), le recours de certains enseignants au châtiment corporel pour s'imposer devant une classe surchargée. «Nous avons eu des plaintes de parents quant au retour avec force de cette forme de violence dans les établissements», s'inquiète M. Meriane. Les syndicats autonomes sont unanimes quant à la nécessité de la création de ponts de coordination avec le département de l'Enseignement supérieur et la direction de la Fonction publique, «afin de revoir les aspects liés à la formation des enseignants et la multiplication des structures d'accueil destinés à ces filières». Selon le CLA, «le ministère de l'Education aurait pu faire appel à des détenteurs d'autres diplômes de filière technique pour combler le déficit en enseignants de maths, mais cela nécessiterait certainement une formation complémentaire pour l'aspect pédagogique», explique le même syndicaliste. La direction de la Fonction publique devrait penser à revoir sérieusement la politique de recrutement dans le secteur de l'éducation. «On ne peut pas continuer dans la politique de faire des économies sur le dos de l'Education nationale», soutiennent les syndicalistes. A souligner que le ministère de l'Education nationale prépare une «sortie médiatique» sur la rentrée scolaire et les lacunes enregistrées, explique Fayçal Haffaf, directeur de la communication au ministère, joint hier par téléphone pour donner des détails sur le déficit en enseignants.