L'Egypte a perdu son self-contrôle après la défaite de Khartoum. Tous les prétextes sont bons pour enfourcher des chevaux et entraîner l'opinion égyptienne sur un terrain miné, truffé de contrevérités à l'effet de détourner les citoyens égyptiens de l'essentiel, à savoir l'élimination des Pharaons de la Coupe du monde 2010 par l'Algérie. Un discours belliqueux contre les Algériens et les Soudanais a pris la place de la raison et de l'analyse des véritables raisons de l'échec sportif que les responsables politiques et sportifs ne veulent pas endosser. A l'unanimité des observateurs étrangers qui ont suivi toutes les rencontres du groupe C et plus particulièrement les trois rencontres entre les deux sélections, l'Algérie était bien la meilleure équipe de la poule. Le résultat de Khartoum ne souffre d'aucune contestation. Il a fait mal aux Egyptiens qui ont tout fait pour revenir à la hauteur des Verts. Inutile de revenir sur les graves incidents qu'ils ont provoqués au Caire, avant, pendant et après le match du 14 novembre. Sans l'incompréhensible comportement de la FIFA, l'Algérie aurait obtenu le gain du match sans jouer le 14 novembre. Ce jour-là, des Algériens ont vécu l'enfer aux abords du stade. Ils ont été agressés, maltraités, blessés, sans que des voix égyptiennes s'élèvent pour condamner ces dépassements. Dans l'euphorie générale, les responsables égyptiens ont cherché à comptabiliser la victoire (2-0) sur un tout autre plan que sportif. « Misr Oum Dounia » devait se qualifier à la Coupe du monde 2010. La récupération politique du fait sportif était donc programmée. L'équipe d'Algérie a tout contrecarré. Antar Yahia et ses partenaires ont faussé les calculs et plans égyptiens. Pour sortir de leur propre piège et détourner la colère de l'opinion égyptienne, les « stratèges » locaux ont cru trouver la bonne formule en détournant la déception des Egyptiens vers « l'ennemi », cet empêcheur de tourner en rond qu'est l'Algérie. Ils n'ont lésiné sur aucun moyen pour faire déborder le débat de son cadre sportif et le transposer sur un plan politique. Des politiques se sont prêtés à ce jeu dangereux en apportant leur voix et soutien à cette stratégie criminelle qui consiste à souffler très fort sur le feu pour que tout s'embrase entre Alger et Le Caire. Ils sont à deux doigts d'atteindre leur objectif. A présent, en Egypte, personne ne parle du match, ni tente d'analyser les raisons qui sont à l'origine de la victoire de l'Algérie. Les hommes et dirigeants sincères et honnêtes, heureusement qu'ils existent en Egypte, n'ont pas droit au chapitre. Ils sont interdits de parole parce que les voix sont discordantes du discours officiel. Donc, pour détourner la déception et la sourde colère des Egyptiens après la débâcle du Caire, des hommes politiques, du monde de la culture et du sport ont volé au secours de ceux qui ne veulent qu'elles remontent (déception et colère) jusqu'à eux. Ils ont creusé des sillons et détourné ailleurs la menace d'une désobéissance nourrie par la malvie, des promesses non tenues et des lendemains qui pleurent. Les responsables et dirigeants égyptiens n'ont reculé devant rien. Ils ont eu recours à des procédés que seuls des hommes aux abois utilisent, c'est-à-dire l'insulte, le mensonge... Lorsque le ministre des Sports, Hassan Sakr, déclare : « Les Algériens qui sont venus à Khartoum sont des mercenaires, des repris de justice... alors que nous, nous étions accompagnés par des artistes et des intellectuels. Ils ont dressé des tentes devant le stade, y ont passé la nuit et ont fait la chasse aux Egyptiens... » On prend toute la mesure de la dangerosité de la stratégie égyptienne. Oui, des supporters algériens se sont déplacés en force à Khartoum. Oui, l'Etat algérien a répondu favorablement aux doléances de ses citoyens (organiser un pont aérien Alger-Khartoum), des hommes politiques, des artistes, des sportifs ont effectué le déplacement au Soudan. La différence entre les Algériens et Egyptiens présents au Caire est de taille. Tandis que l'Algérie a permis à ses citoyens, plus particulièrement des jeunes de voyager et aller supporter les Verts à Khartoum, l'Egypte, elle, a organisé des voyages pour son élite pensant tirer profit de la confrontation sportive lorsque ces « invités spéciaux » rentreraient au Caire avec le trophée et remporter ainsi la mise d'un événement qui appartient d'abord aux joueurs et ensuite aux supporters. L'Egypte a caché sa réalité et aujourd'hui, elle reproche à l'Algérie d'avoir fait autrement qu'elle. Les « spécialistes » égyptiens des plateaux et télévisions sattelitaires se trompent d'époque. L'Algérie et les Algériens sont fiers de leur jeunesse et des supporters. Ce sont des citoyens honnêtes qui aiment leur pays et l'équipe nationale. En balançant de tels propos, les responsables égyptiens jouent avec le feu et vont se brûler. L'Algérie regarde devant. Elle laisse les mauvais esprits égyptiens à leur rancœur et haine. Ils ne gâcheront pas notre fête.