C'est sous le thème « L'Algérie, du beylik janissaire, makhzen, siba » que le professeur et historien ottomaniste, Lemnouar Merouche, a animé, hier à l'hôtel Essafir, les débats d'El Watan. Devant une assistance nombreuse en dépit du liesse populaire née de la victoire de notre équipe nationale, le conférencier a brossé un tableau vivant de l'Afrique du Nord et d'Alger avant et pendant la « conquête » ottomane. L'historien a relaté les causes qui ont conduit à la stabilité des régences comme l'activité corsaire et les différentes interventions militaires turques en Méditerranée occidentale menées contre l'Espagne, mais également sur la côte africaine à partir de 1534. Et c'est à cette date que Kheireddine Barberousse a été placé à la tête de la flotte ottomane et que les janissaires ont accepté de partager le pouvoir avec les tribus locales. Le conférencier rappelle que c'est Alger qui a fait allégeance aux Ottomans et que cette ville a mis plusieurs dizaines d'années pour se fortifier et devenir un vrai Etat. « Après 1560, Alger avait ses frontières est et ouest, un nom qui n'est plus celui d'une dynastie et avait une armée forte et professionnelle », a précisé le conférencier. Il a ajouté que les janissaires étaient connus pour leurs qualités, leur professionnalisme et leur discipline de fer. Les liens économiques étaient un facteur déterminant pour l'intégration et la stabilité des régions alors que les revenus de l'Etat d'Alger venaient de l'exportation de céréales. L'historien affirme qu'au XVIIIe siècle, la Régence d'Alger connut une stabilité, avec les deys, née de la réorganisation de l'armée et de la flotte. Certains deys ont imposé la fouille et interdit l'entrée dans les palais. La désignation du successeur du dey se faisait de son vivant et concernait généralement un parent proche. Tout cela a aidé à la stabilité du pouvoir. Des interventions du public ont porté plus sur le thème des raisons qui ont fait que la langue turque ne s'est pas ancrée dans notre société après trois siècles alors que 130 ans seulement ont suffit aux Français pour « implanter » leur langue en Algérie. D'autres questions du public ont porté sur les réalisations culturelles et artistiques des Ottomans et ce qu'ils ont fait pendant ces trois siècles à Alger. Le conférencier a répondu avec détails et précisions à toutes ces interrogations. Ses ouvrages sur l'histoire des Ottomans sont considérés comme de véritables références.