Dans sa livraison du 23 mai 2005, le journal El Chourouk, dans un entretien qu'il ne lui a pas été accordé, entre deux portes de l'hôtel Panoramic de Constantine, fait dire à Mohammed Harbi, historien algérien, des propos qu'il n'a pas tenus sur d'hypothétiques contacts avec des gens du pouvoir en place qui lui auraient proposé, ni plus ni moins, que la présidence de la République algérienne. En compagnie de l'historien ottomaniste Lemnouer Merouche, Mohammed Harbi a été invité par le centre universitaire de Khenchela et l'ENS de Constantine à donner une série de conférences sur « Mémoire et Histoire », la « Mémoire de la guerre d'indépendance et les enjeux politiques en France ». Quoi qu'ils aient eu à développer comme faits et arguments, l'événement serait resté dans le pur cadre universitaire et les débats qu'il a suscités dans les amphis et autres salles de conférences seraient rentrés dans l'ordinaire de l'activité pédagogique et scientifique propre à chaque établissement universitaire, si des esprits, dont les desseins restent à dévoiler, n'avaient jugé autrement. Pourquoi en effet ne pas accepter le débat dans le fond des idées qu'ont eu à défendre les deux historiens, en particulier le professeur Mohammed Harbi, et pourquoi (pour qui) injecter comme du venin cette incise concernant un contact présumé de l'historien de renom par les généraux en 1992 ? Nous, historiens qui avons été nourris du travail inlassable de M. Harbi de démystification et de démythification de notre histoire, nous nous élevons contre ces bas procédés qui ne font vraiment pas honneur à la presse nationale. Nous dénonçons toutes les velléités de quelque institution, officine, service ou autres rédactions tendancieuses visant à discréditer ceux qui, par leur intégrité, font encore honneur à ce qui reste de noblesse et de liberté souveraine dans une Algérie mise sous hypothèque étrangère. Le travail des historiens indépendants et critiques et leur droit à la libre parole ne sauraient être pervertis aux yeux des Algériens, tout aussi jaloux de leur liberté de pensée, par les agents stipendiés, soudoyés ou subornés de quelques service ou puissance que ce soit. Daho Djerbal (département d'histoire, université d'Alger- Bouzaréah) le 26 mai 2005 A ce texte, de nombreux historiens et intellectuels algériens se sont associés : Lemnouer Merouche (historien), Fouad Mustapha Soufi (historien), Ouarda Siari Tengour (historienne), Abdelhafid Hamdi Cherif (sociologue), Abdelmadjid Merdaci (sociologue), Naceur Bourenane (sociologue), Zoubir Arous (sociologue), Fettouma Aouimeur (paléontologue), Doudja Hammouda (médecin), Farid Chaoui (médecin)... A cette présente liste vous parviendra d'ici peu une nouvelle liste.