Tout laisse à croire que le ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière est en panne de spécialistes. Il est difficile de concevoir qu'une maternité, relevant d'un hôpital de l'envergure de celui de Aïn El Hammam, fonctionne sans gynécologue, depuis plus de douze ans. Les multiples appels lancés aux autorités par des citoyens ainsi que par les différents responsables locaux sont demeurés sans écho. Les sages-femmes en poste ne procèdent qu'aux accouchements dits sans risques. Elles n'ont pas d'autre choix que de diriger sur la clinique Sebihi de Tizi Ouzou les femmes susceptibles d'avoir un accouchement difficile. L'EPH ne possédant pas un parc de véhicule très fourni, il est souvent demandé aux parents des parturientes de procéder à leur évacuation par leurs propres moyens. Cependant, le déplacement sur cinquante kilomètres, parfois de nuit, n'est pas une sinécure ni pour les accouchées ni pour leur famille. Près de deux cents villages, situés dans un rayon de plus de vingt kilomètres, dépendent de l'hôpital de Michelet. C'est dire toute l'importance que revêt cette structure pour la région qui, lors de certains hivers, se retrouvent isolée des grands centres par la neige ou le verglas. Interrogé à propos de l'absence de gynécologue, le directeur de l'EPH avoue s'être adressé à sa tutelle mais sans succès. Concernant les conditions d'accueil au sein de sa structure, le responsable de l'EPH dit être « prêt à louer une villa à un gynécologue qui consentirait à venir exercer chez nous ». Ce qui ne risque pas de se produire de sitôt puisque les spécialistes ne se bousculent pas pour les postes des contrées montagneuses. Des indiscrétions affirment, cependant, que le seul spécialiste intéressé par ce poste hésiterait à venir, sachant qu'il serait seul à faire face au travail de la maternité. Il craindrait de subir une trop lourde charge de travail qu'il aimerait partager avec un autre gynécologue. En attendant, la maternité continue à fonctionner, avec les sages-femmes qui procèdent aux accouchements, sans la présence d'un spécialiste, contrairement à ce qui serait stipulé par la réglementation.