Mme Mansouri préside les travaux de la 38e réunion du Comité des points focaux du MAEP    Air Algérie: annulation de deux vols vers Paris en raison des conditions météorologiques défavorables    Accidents de la circulation en zones urbaines: 11 morts et 418 blessés en une semaine    Entrée prochaine de la première startup à la Bourse d'Alger    Le Conseil de la nation prend part à Montréal à la 70e session de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN    Le ministre de la Santé met en avant les progrès accomplis par l'Algérie dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens    La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu et son ancien "ministre" de la Défense    Le Général d'Armée Chanegriha préside la cérémonie d'installation officielle du Commandant de la 3ème Région militaire    Touggourt : une quinzaine de participants à l'exposition de dattes à Témacine    Khenchela: 175 foyers de la commune d'El Mahmal raccordés au réseau du gaz naturel    Meilleur arbitre du monde 2024: l'Algérien Mustapha Ghorbal nominé    Une action en justice intentée contre l'écrivain Kamel Daoud    Le recteur de Djamaâ El-Djazaïr reçoit le recteur de l'Université russe du Caucase du Nord    Foot féminin: maintenir la dynamique du travail effectué pour bien préparer la CAN-2025    Attaf reçoit l'envoyé spécial du président de la République fédérale de Somalie    Palestine: des dizaines de colons sionistes prennent d'assaut l'esplanade de la mosquée Al-Aqsa    Semaine internationale de l'entrepreneuriat    La liste des présents se complète    Combat de la spécialité muay thai : victoire de l'Algérien Mohamed Younes Rabah    JSK – PAC en amical le 21 novembre    La 3e édition du salon «Algeria WoodTech», prévue du 23 au 26 novembre    Poutine a approuvé la doctrine nucléaire actualisée de la Russie    L'entité sioniste «commet un génocide» à Ghaza    Un nourrisson fait une chute mortelle à Oued Rhiou    Sonatrach s'engage à planter 45 millions d'arbres fruitiers rustiques    Campagne de sensibilisation au profit des élèves de la direction de l'environnement de Sidi Ali    Liban : L'Italie dénonce une nouvelle attaque «intolérable» de l'entité sioniste contre la Finul    Sonatrach examine les opportunités de coopération algéro-allemande    Il y a 70 ans, Badji Mokhtar tombait au champ d'honneur    L'irrésistible tentation de la «carotte-hameçon» fixée au bout de la langue perche de la Francophonie (III)    La femme algérienne est libre et épanouie    Tébessa : coup d'envoi dimanche des 3èmes Journées du court métrage    Foot/ Qualif's-CAN 2025: Amine Gouiri, troisième meilleur buteur avec 4 buts    Les ministres nommés ont pris leurs fonctions    «Dynamiser les investissements pour un développement global»    Le point de départ d'une nouvelle étape    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Nouvelles revues littéraires : le bon paraître
Publié dans El Watan le 26 - 10 - 2013

Si les revues en papier et à portée générale tendent à disparaître sous nos cieux pour se métamorphoser en firmaments numériques, il en est autrement des publications littéraires qui résistent toujours à internet. Voici qu'en ce printemps 2013, deux belles floraisons sont venues enrichir le paysage médiatique (et universitaire !) national. Il s'agit de Multilinguales et de Kalim, présentant toutes deux quelques similitudes.
Multilinguales est une revue semestrielle de l'université de Béjaïa (n° 1, juin 2013). Dirigée par la professeure Farida Boualit dont les initiés ont apprécié les actions bienveillantes en faveur de l'ex-école doctorale algéro-française, le sommaire inaugural est centré sur l'ethnocritique.
Celle-ci est envisagée comme une nouvelle étude du littéraire dans sa confrontation avec l'ethnologie, une «science» occidentale à décoloniser dans les littératures des pays maghrébins et subsahariens. Marie Scarpa, de l'université de Lorraine, en pose quelques concepts théoriques encore émergents. Des études ancrées dans les romans algériens (de Rachid Boudjedra et de Mouloud Feraoun) et ivoiriens (Ahmadou Kourouma) en livrent quelques aspects. D'autres textes donnant à penser, notamment au sujet de la presse écrite (Mourad Bektache et surtout Hadj Miliani), sont à indiquer. De belle confection, sans langage abscons, la revue peut être lue gracieusement sur le site de l'université de Bejaïa (www.univ-bejaia.dz).
Kalim est la reprise du titre d'une ancienne publication — plutôt artisanale, voire dactylographiée à ses débuts — de l'Université d'Alger (six numéros parus entre 1982-1987, historique retracé judicieusement par Dalila Morsly). Sous la coordination de sa directrice de rédaction, la professeure Afifa Bererhi, elle succède à Réflexions et Perspectives qui a vu le jour en 2012 avec deux numéros spéciaux sur le cinquantenaire de l'Indépendance et Mostefa Lacheraf (en vente dans toutes les librairies de l'OPU). Le premier numéro, daté de juin 2013, se présente presque luxueux tout en étant innovant.
En effet, semestriel, il se veut à la fois une publication universitaire (avec tous les codes et normes scientifiques qui en découlent) pluridisciplinaire et, en sus, de création. Ce faisant, la revue accueille des écrits aussi bien littéraires, linguistiques et d'autres sciences humaines ou sociales que des œuvres de l'imaginaire — une nouveauté. Soulignons le dossier principal axé sur la ville algérienne dans tous ses états, d'une urbanité sans âme à des enjeux politico-sociaux (prise du pouvoir local, développement inégal d'une économie ne permettant pas de créer suffisamment d'emplois à la jeunesse…).
Côté littérature, retenons les études de Ahmed Bedjaoui (l'écriture binaire chez Assia Djebar) ; de Hervé Sanson sur Isabelle Eberhardt (l'altérité religieuse constitue-t-elle un regard sur soi ou/et sur l'autre ?) ; Albert Camus vu de Jordanie en ce centenaire de sa naissance célébrée mondialement ; le point sur les Libéraux et l'Algérie (d'Ismaïl Urbain à Albert Camus), objet d'un colloque en mars 2013 à l'Institut du Monde arabe. Enfin, l'aspect création n'est pas moins présent : un hommage appuyé à Yamina Mechakra, décédée cette année, avec divers textes et poèmes. A cela s'ajoute une poésie d'Ismaïl Abdoun – si rare – et la présentation d'un jeune peintre, Ahcen Drici, dont la maquette en belle calligraphie et les dessins épurés et aériens ne renferment que prouesses et promesses. Ce numéro liminaire de Kalim ainsi que son homologue Multilinguales, plus sobre, s'avèrent vraiment satisfaisants.
La professeure Afifa Bererhi dirige aussi aux Editions du Tell (Blida) la collection Auteurs d'hier et d'aujourd'hui, laquelle vient de s'enrichir d'un nouveau titre de Hervé Sanson La Trace et l'écho, Entretien avec Habib Tengour (octobre 2012, diffusé en 2013). De cet ouvrage, disons que l'œuvre de l'écrivain est habitée par la poésie, dans ses titres comme dans sa texture, dans son écriture comme sa secrète unité. Aux questions relatives à chacun de ses livres (une vingtaine entre prose et poésie), Habib Tengour se confesse sans se dévoiler, analyse son œuvre-vie sans bavardage interprétatif. C'est là un autoportrait où l'énigme demeure mais autorise à apprécier une démarche exigeante en rapport avec des figures singulières du passé islamique ou de la culture occidentale, à peine transfigurés et déplacés et usés dans le réel d'aujourd'hui.
L'actualité de Habib Tengour se poursuit sur deux registres que l'on ne lui connaissait pas : la publication, l'an passé, d'une anthologie en anglais (USA), Poems of the Millennium (University of California Press, Berkeley, Los Angelès, 2012, 760 p, en collaboration avec Pierre Joris, poète et traducteur). C'est une première dans le vaste espace Nord-américain, autarcique et, a fortiori, peu ouvert à la poésie maghrébine toutes périodes historiques (de l'Antiquité carthaginoise à nos jours) et toutes langues confondues (latin, arabe, français, traditions orales), objectifs visés par cette compilation.
En outre, en cet été, Tengour a ajouté à son répertoire une pièce de théâtre, Captive sans éclats (Alger, Apic, 2013, 37 p) que la presse algérienne de langue française a unanimement saluée. Il est question d'un huis clos où, au sein d'un vieux couple stérile, se profile une menace terroriste qui va se télescoper avec les mémoires blessées de la guerre de libération nationale. Une telle situation déséquilibrante ne peut mener à terme qu'à la folie, thème récurrent chez Tengour et univoque à la littérature algérienne.
Quant à Hervé Sanson, il vient de publier une essai-critique sur Mouloud Mammeri, L'opium et le bâton (Paris, Honoré Champion, 2013). On croit tout connaître de ce roman, propulsé d'abord dans l'histoire littéraire algérienne par une polémique dans les milieux nationalistes lors de sa publication en 1952, démocratisé ensuite pour-par le grand public suite à son adaptation cinématographique en 1970 par Ahmed Rachedi. Plus d'un demi-siècle après, le premier livre de Mammeri se révèle encore fécond. Si l'ouvrage est destiné en priorité au grand public (dans une collection Entre les lignes-Littérature du Sud, dirigée par Christiane Chaulet-Achour), s'il éclaire donc de manière didactique les composantes «classiques» du livre (personnages, thèmes, vie et œuvre de l'auteur dans l'histoire littéraire), il n'en présente pas moins des pistes de réflexion stimulantes négligées à ce jour.
De ce roman de guerre et d'amour, et en puisant sur les différentes déclarations de Mammeri, l'auteur donne à découvrir des orientations insoupçonnées : l'œuvre est construite en opposition, à l'instar d'un drame de l'antiquité gréco-romaine avec, en arrière-fond ou à l'avant-scène, une trinité non religieuse. Si l'ésotérisme ne se dévoile pas par quintessence, on ne peut qu'être attentif à cette manière de pensée interrogeant littérature et sagesse séculaire.
En définitive, toute cette actualité livresque nous enseigne une certitude : il ne faut jamais enfermer un auteur ou une œuvre dans une approche, une catégorie, un genre, une lecture, un rayon, une aire culturelle. Tout est mobile en matière de réception littéraire, à la fois éphémère et durable, selon l'infortune-fortune de l'un et de l'autre.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.