Ils accusent le secrétaire général d'avoir choisi les membres du bureau politique en pratiquant une politique d'exclusion et de vengeance. «On a tout fait pour dépasser la crise au sein du FLN et travailler à unifier les rangs du parti, estime Abdelhamid Si Affif, membre du comité central. Mais cela ne peut se faire que si on évite la politique de l'exclusion et la vengeance. Malheureusement, cela n'a pas été le cas. On se sent trahis d'autant que, lors de son discours investiture à la tête du parti, Saadani avait promis de travailler avec toutes les forces en présence, sans en exclure aucune». D'autant que certains des exclus de la liste du bureau politique soulignent l'arrivée de deux anciens soutiens de Ali Benflis dans sa composante. La nomination de Sadek Bouguettaya et Amar Bouhadja n'est pas passée inaperçue. Elle est utilisée par les nouveaux opposants à Saadani pour accuser celui-ci à demi-mot de jouer le jeu du probable candidat à la présidentielle, Ali Benflis. «On se pose la question de savoir si le parti n'est pas en train de tomber entre les mains de Benflis, se demande Si Affif. Nous demandons l'intervention du président du parti, qui doit clarifier les choses.» Autre personnalité du parti qui est pointé du doigt : Mohamed Djemaï. Pour beaucoup, le nouveau BP porte sa marque. Le député de Tébessa, très proche de Amar Saadani, est un homme de réseau et d'argent. Il a rejoint les rangs du parti en 2010 et a œuvré en coulisse pour imposer l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale (APN) à la tête du FLN. «Avec son argent, il est devenu un faiseur de roi, estime un membre du Comité central sous couvert de l'anonymat. Il a sûrement fait en sorte que des hommes avec lesquels ils avaient eu des différents par le passé soient exclus du Bureau politique». Tahar Khaoua, le président du groupe parlementaire du FLN à l'APN, fervent soutien de Amar Saadani mais en conflit avec le député de Tébessa, en aurait payé le prix. L'homme, dont la presse avait rapporté ces jours-ci qu'il avait rejoint le groupe des contestataires qui s'étaient réuni à l'hôtel Safir, s'est empressé de publier un communiqué pour rappeler sa «fidélité au président Bouteflika et au SG du parti, Amar Saadani». Mais les reproches touchent également la gestion du parti telle que pratiquée par le nouveau secrétaire général. On reproche au patron du parti son penchant autocratique et de pratiquer le passage en force. L'homme, qui se prévaut du soutien des cercles les plus influents, décide seul, sans consulter. «Il y a là tous les ingrédients pour une grave crise au sein du parti, analyse Abderrahmane Belayat, qui se considère encore comme coordinateur général du parti. Quand vous installez au bureau politique deux personnes qui s'étaient présentées contre des candidats FLN, vous portez le flanc à la critique.» Pour Saïd Bouhadja, ancien porte-parole du FLN du temps de Ali Benflis et nouveau membre du BP, les problèmes organiques du parti doivent être réglés en son sein : «291 personnes ont voté pour ce bureau politique lors de la réunion du comité central le 16 novembre. Seuls sept se sont opposés. Je ne comprends pas cette polémique.» Petite éclaircie pour Amar Saadani : le Conseil d'État a confirmé hier la décision de la chambre administrtive d'Alger, qui avait autorisé la tenue du comité central du FLN du 29 août dernier.