La dernière réunion du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, avec le bureau politique n'a pas été sans incident. Certains membres de cette haute instance ont très mal accepté le fait que Ould Abbès, confie à d'anciens cadres du parti, en majorité des opposants à Saadani, l'organisation des prochaines législatives. Encore une fois, la maison FLN est en pleine ébullition. Renforcé par l'appui de la Présidence et du comité central, Djamel Ould Abbès, le nouveau maître, tente de faire le ménage, mais rien n'indique que cette action se fera sans fracas. Le climat tendu dans lequel s'est tenue, lundi dernier, la réunion du bureau politique (BP) laisse présager un véritable remue-ménage. En effet, des sources proches du parti affirment que Ould Abbès «a carément écarté» cette haute instance de la préparation des prochaines législatives. «Il est venu avec une liste d'opposants à l'ex-secrétaire général, Amar Saadani, auxquels il a confié des missions bien précises qui étaient à la charge des membres du BP. Désormais, l'organisation ou encore les finances ne sont plus du ressort des membres actuels du bureau politique, mais d'anciens cadres exclus ou marginalisés par Saadani. Ils sont au nombre de six parmi lesquels Abdelaziz Ziari, Abdelkrim Abada, Mohamed-Seghir Kara et El Hadi Khaldi», expliquent nos sources. En réalité, Djamel Ould Abbès savait, notent nos interlocuteurs, qu'il ne pouvait aller vers les législatives avec des rangs «aussi dispersés» et des pratiques politiques et électorales aussi controversées que condamnables. «L'actuel bureau politique a cautionné toutes les dérives de Saadani et les a même défendues. Ould Abbès, fort des enquêtes des Services de sécurité sur l'implication de certains membres de cette instance dans des pratiques illégales pour la confection des listes électorales et le recours à l'argent sale, n'a pas hésité à frapper fort, bien sûr en se prévalant de la caution du Président pour tous ses actes. Il faut dire que le recours à l'argent sale est une réalité. Les preuves existent. Le secrétaire général du FLN les a utilisées comme carte pour faire taire ceux qui oseraient contester les décisions contenues dans la feuille de route de la Présidence», notent nos interlocuteurs. Feuille de route contestée Selon eux, la dernière réunion de Ould Abbès avec le BP a failli «tourner au vinaigre». Certains membres ont très mal réagi au fait d'avoir été écartés. Le point de presse du secrétaire général n'était même pas à l'ordre du jour. Habituellement, une déclaration finale suffit. Selon nos sources, « la sortie du secrétaire général n'est pas fortuite. Il voulait que ses menaces arrivent à leurs destinataires. Au pire un carton rouge et donc une action en justice avec le risque d'un déballage public ; au mieux un carton jaune, donc une exclusion du parti. Ces messages ont été bien reçus. Cependant, personne ne peut être certain que les mécontents, ceux qui ont trop d'intérêts à perdre, se résignent au silence. Ils ont une capacité de nuisance qu'ils peuvent utiliser». En fait, la feuille de route de Ould Abbès ne concerne pas uniquement le bureau politique, dont les changements n'ont jusque-là pas été annoncés en raison de l'absence du président du parti, en l'occurrence le chef de l'Etat qui, visiblement, a décidé «de remettre de l'ordre dans la maison FLN», nous dit-on. D'abord au niveau du Parlement, puisque Ould Abbès a déjà clairement affirmé qu'une candidature pour un autre mandat ne peut être acceptée que pour les députés élus en 2012 sur la liste FLN. Ce qui, de fait, exclura du prochain scrutin l'actuel vice-président de l'APN, Bahaeddine Tliba, allié invétéré de Amar Saadani. Pour ce qui est des ministres désignés par Saadani au comité central alors qu'ils n'ont jamais été dans les structures du parti, leur sort, selon Ould Abbès, relève des prérogatives du Président. Implicitement, le patron du FLN s'en lave les mains et préfère renvoyer la balle vers le président du parti. «Il veut que le FLN redémarre avec une nouvelle image, différente de celle d'hier, pour aller vers les élections de 2017. Un défi pour lui et ceux qui pensent, comme lui, au 5e mandat de Bouteflika», concluent nos sources. En fait, Djamel Ould Abbès ne s'est pas empêché d'exprimer son soutien à Bouteflika pour un 5e mandat, «si Dieu lui accorde longue vie». Ce message est intervenu alors que les activités du Président se sont multipliées ainsi que ses sorties publiques, avec des images qui le montrent dans un meilleur état qu'avant, même s'il reste atteint d'une lourde et handicapante maladie. Le remue-ménage constaté au sein de la maison FLN n'est pas nouveau. Le vieux parti, appareil de l'Etat par excellence, nous a toujours habitués à ces scènes de «grand nettoyage» à chaque repositionnement des forces au sein du pouvoir.