La présidente du Medef, Laurence Parisot, a enchaîné à volonté, hier, les superlatifs pour qualifier la qualité de l'accueil des Algériens et le caractère fécond de sa visite de 24 heures à Alger au cours de laquelle elle a eu une série de rencontres avec des responsables du gouvernement. Des rencontres ponctuées, convient-il de le préciser, par un long entretien avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Est-ce là le signe que les affaires reprennent entre Alger et Paris ? Lors d'une conférence de presse conjointe animée avec le président du FCE, en fin d'après-midi, à la salle El Hamma de l'hôtel Sofitel d'Alger, Mme Parisot s'est, en tout cas, employée à faire comprendre que la crise qui a caractérisé les relations algéro-françaises depuis la promulgation, en juillet dernier, de la loi de finances complémentaire 2009 fait désormais partie du passé. Même si Mme Parisot s'est bien gardée de parler de crise ou même de crispation, elle a toutefois tenu à dire que les changements apportés par l'Algérie nécessitaient « une période d'adaptation qui est maintenant arrivée à son terme ». Comme pour dissiper les éventuels malentendus qui seraient, malgré tout, restés en suspens et apporter un démenti ferme aux informations ayant circulé ces derniers temps annonçant le départ de firmes françaises pour protester contre la nouvelle législation, la présidente du Medef a fortement insisté sur l'idée que les entreprises françaises s'adapteront aux nouvelles dispositions introduites par la loi de finances complémentaire 2009 et continueront à travailler en Algérie. « Nous sommes venus prendre le pouls de la relation économique entre les deux pays. Mon message est de dire que les chefs d'entreprises français sont heureux d'investir et de travailler en Algérie (...). Nous prenons acte de la nouvelle situation et nous nous y adapterons », a déclaré Mme Parisot. Mieux, elle a affirmé sans ambages : « Nous avons l'ambition de rester le premier investisseur en Algérie. » Mme Parisot, qui est sortie de son entretien avec le Premier ministre avec un large sourire, ne s'est pas trop étalée sur la teneur de leurs discussions. Néanmoins, elle a tenu à préciser qu'« aucun sujet politique n'a été abordé ». La remarque vient ainsi contredire l'idée selon laquelle elle serait venue démarcher pour le compte du gouvernement français. La présidente du Medef n'a toutefois pas caché qu'il y a eu « une excellente entente ». Cela, avant d'ajouter : « Nous nous sommes entendus cinq sur cinq. » Yves Thibault de Silguy, président de la commission Algérie au Medef, qui accompagnait Mme Parisot, a même confié que Ahmed Ouyahia avait assuré à leur délégation qu'« il n'y a aucun contentieux entre les deux pays ». L'optimisme béat affiché par Mme Parisot concernant le futur des liens économiques entre l'Algérie et la France veut-il signifier que les relations entre les deux pays sont sur le point de sortir de la zone de turbulences qu'elles traversent depuis au moins un an ? Peut-être pas encore. Les dossiers faisant l'objet de désaccord entre Alger et Paris sont encore nombreux. Mais il semble qu'il y ait une volonté, de part et d'autre, de transcender la situation de blocage pour d'aller de l'avant. En tout cas, la présidente du Medef a laissé entendre que le règlement des questions économiques rend souvent plus aisé le traitement des dossiers politiques. Ce à quoi, justement, tout le monde a donné la priorité. A la question de savoir si ses discussions avec les responsables algériens ont permis de trouver des points d'accord sur des projets d'investissement concrets, Laurence Parisot, comme pour joindre l'acte à la parole, a révélé l'existence de « négociations discrètes dans les domaines de l'automobile et de la pharmacie ». Elle a par ailleurs évoqué l'existence de nombreux projets dans d'autres secteurs d'activité tels la pétrochimie, l'eau et les infrastructures. La présidente du Medef, tout en refusant de les chiffrer avec exactitude, a indiqué que les patrons français se sont fixé l'objectif d'atteindre, durant les prochaines années, 4 à 5 milliards de dollars d'investissements en Algérie.