Le cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise CARE en collaboration avec la fondation allemande Naumann, a lancé hier un débat très instructif sur les meilleures manières pour l'Algérie d'aborder la crise économique actuelle et de créer une croissance durable. Pour planter le décor, les différents intervenants, éminents experts économiques, ont fait les constats et ont énuméré les faiblesses de la démarche économique dans notre pays, qui malgré les efforts consentis depuis plus de dix ans, n'arrive pas à se départir de sa trop forte dépendance des hydrocarbures. Dans le chapitre « moteurs de la croissance », l'économiste, Abdelhak Lamiri, a estimé que les grosses mises consenties par le gouvernement pour relancer la croissance à travers les plans de relance n'étaient pas très rentables. Il s'est ainsi clairement positionné contre les plans de relance lancés par l'Etat ayant nécessité une enveloppe de 150 milliards de dollars. Au sens de M. Lamiri, cet effort motivé par une volonté de booster l'économie algérienne et créer les conditions de la relance, est voué à l'échec puisque, dit-il, « une économie mal préparée ne peut utiliser à bon escient ses ressources massives ». Il expliquera que dans le cas d'une économie comme celle de notre pays « sur 100 dollars investis on ne récolte que 50 dollars d'output ». Pour rentabiliser de telles mises, estime M. Lamiri, il faut certaines conditions et notamment un tissu d'entreprises performantes et la formation d'une ressource humaine capable de piloter une politique managériale efficiente « en l'absence de ces conditions, les ressources sont gaspillées », avertit M. Lamiri estimant qu' « en Algérie, il existe un régime à accumulation extensive qui engendre une baisse de la productivité lorsqu'on injecte autant d'argent ». Pour changer de cap et entrer dans la croissance, M. Lamiri propose de passer d'une administration bureaucratique à un management d'experts, de mettre en place les mécanismes de l'émergence des PME, autour du point fort de l'économie – les hydrocarbures dans le cas de l'Algérie – d'accompagner les restructurations des entreprises et de laisser le loisir à l'Etat de jouer son rôle dans le domaine de la santé, de l'éducation et de la réalisation des infrastructures. Pour sa part, Salah Mouhoubi, économiste de renom, a ciblé la politique des IDE en Algérie, estimant que notre pays doit renvoyer une image de stabilité en évitant des remises en question et des retours en arrière comme c'est le cas avec la LFC 2009, qui même si elle comporte, selon lui, des points positifs pour l'économie, déroute les observateurs économiques et les investisseurs étrangers. Il dira notamment que l'article concernant le partage d'actions en faveur des nationaux dans le cadre du partenariat n'est pas judicieux car on impose aux étrangers une règle sans se poser la question de savoir si les nationaux ont la possibilité de participer à hauteur de 51 % des parts dans une entreprise. Face à M. Mouhoubi qui s'est montré très enthousiaste quand à la nécessité de compter sur les IDE, l'économiste Mustapha Mékidèche préfère la prudence donnant en exemple la Roumanie et des pays baltes dont la politique vorace d'absorption des IDE met actuellement en très mauvaise posture des suites de la crise économique.