Après l'accostage précoce de plus de 10 navires transportant près de 20.000 tonnes de semences, il était prévisible que l'opération allait connaître quelques contraintes. Alors que les importateurs craignaient un engorgement au niveau des procédures de débarquement, très vite, malgré la défection momentanée du remorqueur de l'EPM, les formalités de débarquements finiront par prendre une vitesse de croisière, ceci, tant par la disponibilité des services administratifs que ceux de l'INPV, dont le contrôle est indispensable à l'admission d'une semence de qualité, indemne de toute contamination. Toutefois, après que les fellahs de la région de Mostaganem se sont fait livrer toutes leurs commandes, l'écoulement de la marchandise deviendra plus problématique. On sait qu'habituellement, l'arrivée des premiers navires chargés de la précieuse semence n'intervenait qu'à partir de la seconde quinzaine de novembre, ce qui ne fut pas le cas durant la campagne en cours puisque, dès l'entame du mois de novembre, plusieurs navires étaient déjà en rade de Mostaganem. Si bien qu'à la veille des fêtes de l'Aïd, les besoins de la région étaient entièrement satisfaits. Actuellement, c'est la déprime au niveau de la commercialisation, car les fellahs des autres régions de production ne se sont pas encore manifestés, préférant attendre le moment le plus propice pour planter. Du coup, ce sont toutes les prévisions qui sont dépassées par les évènements. Alors que la filière ne manque pas de professionnels, il est pour le moins étonnant que l'arrivage d'un aussi grand tonnage n'ait pas attiré l'attention des importateurs. Sans doute apeurés par la forte augmentation du trafic, en raison du transfert des « car-ferries » depuis le port d'Alger vers celui de Mostaganem, les opérateurs n'avaient pas prix en compte la capacité d'absorption des fellahs. Dont les potentialités atteignent difficilement les 15.000 tonnes. Ensuite il y a eu le bon sens des producteurs de l'intérieur, qui n'ont pas voulu suivre le mouvement de leurs collègues mostaganémois. Récolte précoce Disposant de terres plus froides, les producteurs de Maghnia, Aïn Defla ou Mascara savent qu'il n'est pas judicieux de semer avant la fin du mois de janvier. Que va devenir la semence en surplus ? Pour les importateurs disposant de chambres froides, son stockage ne devrait avoir aucune conséquence néfaste sur les facultés germinatives des tubercules. Pour les autres, il faut espérer que l'amplitude de température ne soit pas trop grande car, dans ce cas, la pré-germination sera largement entamée, provoquant un affaiblissement du tubercule. On peut d'ores et déjà prévoir une récolte très précoce dans les champs déjà ensemencés. Ce qui se traduira par un grand décalage dans la saison entre les zones côtières et les zones de l'intérieur. Des perturbations sont à prévoir sur le marché qui n'avait pas besoin de tant de précipitations.