Alors qu'habituellement ce sont pas moins de 15 navires chargés de la précieuse semence ont déjà débarqué un tonnage qui avoisine les 40 000 tonnes, soit plus du tiers des besoins, il se trouve que face à la nouvelle réglementation, seul un navire de 2000 tonnes aura reçu l'autorisation des autorités phytosanitaires. Pour parvenir à ce qui s'apparente à un exploit, ce sont pas moins de 3 importateurs qui se regrouperont pour parvenir à charger un seul navire. Car entre-temps, deux autres bateaux seront dans un premier temps refoulés. Finalement, après une semaine d'attente, le Zeelanda, transportant 2000 tonnes de Spunta, sera admis à débarquer sa cargaison qui ira dans un entrepôt sous douane. Devant toutes ces contraintes, importateurs et fournisseurs se donneront un temps de réflexion. Qui se dissipera rapidement devant la pression des fellahs. Venus des régions fortes productrices de Mascara et de Aïn Defla, ils se joindront à ceux de Mostaganem pour mettre la pression sur les importateurs. Dont certains n'hésiteront pas à rembourser les avances. Mais l'embellie consécutive au retour à quais du Zeelanda sera de courte durée. Car l'opération de mise en conformité s'avèrera longue et fastidieuse, sans que ses chances de succès ne soient probantes. Ce qui motivera l'intervention des organisations européennes de producteurs qui s'en iront plaider leur cause auprès du MADR. Une réunion au cours de laquelle les responsables algériens s'abriteront derrière l'arrêté ministériel pour signifier à leurs interlocuteurs une fin de non recevoir. Risque de boycott Il n'en fallait pas plus pour décider un opérateur hollandais à décharger un navire qui s'apprêtait à rejoindre le port de Mostaganem avec 2000 tonnes de semence à bord. Entrainant dans son sillage l'ensemble de la corporation qui aurait décidé un véritable moratoire sur la semence de pomme de terre à destination de l'Algérie. Qui pourrait se transformer en un véritable boycott, si aucune alternative ne venait lever la contrainte du calibre qui s'avère être un véritable couperet. Au moment où la campagne s'achemine vers une inéluctable impasse, tous les regards sont tournés vers le ministère de l'Agriculture. Qui en promulguant cet arrêté, aura mis le feu aux poudres. Car sur les 3 opérateurs ayant respecté la norme, un seul entamera rapidement l'écoulement de sa marchandise. A des prix très proches de ceux pratiqués durant l'année écoulée. Une initiative que ne partageront pas ses collègues, qui préfèreront attendre l'envol des prix. Que le marché de Sirat- érigé en véritable bourse de la pomme de terre- répercutera instantanément sur les cours qui prendront un envol vertigineux. En effet, le prix du quintal atteindra rapidement les 7 500 DA. Entraînant dans son sillage celui de la semence locale qui se vendait, il y à peine une semaine, non sans difficulté à 1 600 DA et qui se négocie depuis aux alentours de 2 800 DA. Une véritable aubaine pour les spéculateurs de tous bord qui sont décidés à enflammer le marché.