L'option du boycott ou de la non-participation a pris le dessus sur deux autres options soumises à examen des membres du majliss, à savoir la participation avec un candidat du parti ou soutenir un candidat du consensus. Abderrazak Makri, président du MSP, se refusant à tout commentaire, s'est contenté hier de lire devant les journalistes la décision du majliss echoura qu'il a qualifiée d'«historique» pour le parti. Le boycott est justifié, note le communiqué sanctionnant les travaux de la réunion du majliss echoura, par trois arguments majeurs : «L'absence d'une réelle possibilité de changement à travers l'élection présidentielle d'avril 2014 ; le monopole exercé par le pouvoir sur l'élections présidentielle et l'ignorance des appels de la classe politique pour garantir les conditions d'une élection propre et transparente et la violation manifeste du droit du peuple à choisir librement ses représentants et dirigeants.» Le MSP, qui décide donc du boycott de ce rendez-vous électoral, appelle ses militants et les Algériens, toutes tendances politiques confondues, «à se joindre à cet appel de boycott et à se mobiliser autour de ce qui peut préserver les intérêts du pays et la cohésion sociale». Ainsi, avec cette décision, le MSP marque une nouvelle étape dans sa démarche – entamée après avoir quitté l'Alliance présidentielle – d'effacer le souvenir de ses liens avec le clan présidentiel. Après la confirmation de cette démarche lors de son dernier congrès en mai 2013, notamment avec le départ de Amar Ghoul pour créer une nouvelle formation politique accrochée au burnous présidentiel, le MSP veut aujourd'hui reprendre sa place dans l'opposition. «Cette décision du parti est souveraine et consensuelle et confirme la volonté des cadres du mouvement à continuer sur la ligne tracée par le congrès de mai 2013», indique le président du majliss echoura, Gueddouda Boubakeur. Le MSP avait de tout temps, et ce, depuis Mahfoud Nahnah, soutenu être une machine électorale capable de rafler des voix importantes, se targuant d'être «une troisième force qu'il ne faut pas négliger». L'émiettement de la mouvance islamiste confirmée lors des dernières législatives, et les scores peu glorieux que cette mouvance a récoltés ont tiré la sonnette d'alarme dans la maison MSP. Ce dernier se voyait déjà jouer le rôle, comme au Maroc, en Tunisie ou encore en Egypte, du parti islamiste qui a la cote. C'était toutefois penser sans reconnaître qu'à la différence avec ces partis, le MSP a joué la carte du pouvoir pendant de longues décennies, et que quelques mois d'opposition ne suffisaient pas à lui redonner la virginité perdue sur le lit de l'Alliance présidentielle. La nouvelle démarche du MSP obéit, par pur calcul politique, à une volonté de «tourner la page» de l'allégeance et de retrouver le giron de l'opposition perdu. Abderrazak Makri réserve son commentaire sur la décision de boycott à une conférence de presse mardi prochain.