«Nous avons appris la nouvelle vers 13h, en regardant les informations sur une chaîne algérienne privée, dans un café de la commune de Ouled Gacem, à huit kilomètres de Aïn M'lila ; on parlait du crash d'un avion dans la région de Djebel Fertas que nous connaissons très bien puisque nous y avons des lopins de terre que nous cultivons», raconte Hamza Zekoura, agriculteur à Ouled Gacem. Quelques minutes plus tard, c'est le rush vers Djebel Fertas. «Des gens sont allés vers le site du crash en moto parce qu'il est difficile d'y aller en voiture ; il a beaucoup neigé durant la nuit et la route était impraticable», nous dit notre interlocuteur. Un avion coupé en deux et une fumée toxique Les premières personnes arrivées sur les lieux découvrent un décor de film d'horreur. «Une fois sur place, nous avons été choqués par l'image d'un avion coupé en deux, sous forme d'un V, la partie avant est complètement ravagée par le feu. Des fumées toxiques se dégageaient de l'appareil, il était difficile de respirer», poursuit Hamza Zekoura. Les premiers secours de la Protection civile ont dû utiliser des masques à gaz pour retirer une douzaine de corps calcinés. Un seul miraculé a pu être sorti des flammes, avant d'être évacué en urgence vers Constantine. Selon des témoins oculaires, la population a apporté son aide aux agents de la Protection civile pour retirer les corps de l'avion et les amener en lieu sûr. «Il était très difficile d'accéder aux lieux, il fallait porter les victimes sur plusieurs centaines de mètres pour pouvoir les embarquer dans les ambulances», témoigne un habitant d'Ouled Gacem. Selon les informations que nous avons pu recueillir sur place, l'avion a chuté sur un plateau situé en contrebas de Djebel Fertas, à environ 500 m d'altitude, au lieudit Aqlal Oumizgh, une région agricole isolée entre Djebel Fertas et Djebel Guerioune, à environ 8 km du chef-lieu de la commune d'Ouled Gacem, distante de 4 km de Aïn M'lila. Peu après, c'est le branle-bas de combat avec l'arrivée des troupes de l'armée et de la gendarmerie et le quadrillage de la région du crash qui a vu un afflux incroyable de personnes, pour la plupart des badauds, ce qui a rendu plus difficiles les opérations de sauvetage. Des dizaines de corps calcinés Contacté vers 15h30, le lieutenant Chaker, chargé de la communication à Oum El Bouaghi, qui était sur les lieux du drame, nous a affirmé que les conditions dans lesquelles interviennent les agents de la Protection civile sont extrêmement difficiles. «Le crash a eu lieu sur une montagne ; on doit quitter les véhicules pour parcourir 6 km à pied avant d'arriver à l'avion», nous a-t-il déclaré. Le premier bilan faisait état de 40 morts et un survivant. Un chiffre qui augmentera au fil du temps. Selon certains témoignages, les sapeurs-pompiers devaient d'abord maîtriser les flammes qui se sont propagées surtout dans la partie avant afin de poursuivre leur intervention. Vers 16h30, le nombre de morts atteignait, les 54. On parle de corps calcinés non identifiables. Les difficultés du terrain enneigé et les conditions de secours dans une région montagneuse ont obligé l'armée à faire usage de bulldozers, pelleteuses et autres engins de travaux publics pour dégager une route et permettre l'accès aux véhicules et aux ambulances de la Protection civile. «Nous sommes obligés de déplacer manuellement les corps, mis dans des sacs, pour les descendre jusqu'aux ambulances», nous a déclaré le lieutenant Chaker de la Protection civile d'Oum El Bouaghi. A 17h15, l'espoir de retrouver des survivants était très mince. Il faut dégager les corps encore enfouis sous la carcasse de l'avion. «A 18h15, nous avons recensé 74 morts, 70 hommes et 4 femmes, et un survivant évacué dans un état grave vers l'hôpital militaire Ali Mendjeli de Constantine ; l'opération se poursuivra durant la nuit», nous confirme le chargé de communication de la Protection civile d'Oum El Bouaghi. Hier à 18h30, toute une logistique était déployée sur les lieux par les services de l'armée et de la Gendarmerie, avec l'installation d'une base équipée de tout le matériel nécessaire. Des groupes électrogènes ont été installés pour permettre de procéder à la découpe de la carcasse de l'avion à la recherche de nouveaux corps. Nous avons tenté d'avoir plus d'informations sur les circonstances de ce crash, mais un véritable black-out a été imposé sur l'information.