– Est-ce que le comité d'organisation de la 18e édition des Jeux méditerranéens qui auront lieu en 2017 à Tarragone est opérationnel ? Je peux vous affirmer que le comité d'organisation de la 18e édition des JM a été créé dans les délais fixés par notre réglementation, c'est-à-dire dans les six mois qui ont suivi l'élection de Tarragone (Espagne) en octobre 2011. Il a tenu d'ailleurs sa première réunion de travail en avril 2012 et active depuis avec une première équipe de personnes très enthousiastes et surtout détentrices d'une solide expérience dans l'organisation de grands événements sportifs. La commission de coordination du CIJM a déjà effectué sa première visite de travail à Tarragone en novembre dernier, pour voir les installations et rencontrer les responsables du comité d'organisation. Durant cette même période, s'est tenue également une réunion du comité exécutif, au cours de laquelle furent approuvés le plan directeur du COJM, la date des Jeux, le programme des sports, ainsi que le projet de village méditerranéen. Les responsables du COJM ont fait un grand travail de rationalisation du projet par rapport à sa proposition initiale, afin de parer au mieux aux contraintes et difficultés infligées par la conjoncture de crise économique. Il faut savoir, donc, que la 18e édition des Jeux méditerranéens à Tarragone est prévue du 30 juin au 9 juillet 2017. J'ajouterai que le site web du comité d'organisation de Tarragone 2017 est également opérationnel. – Certaines voix s'élèvent pour dire que les JM ne sont plus intéressants en ce qui concerne la performance, puisque seules les équipes nationales B ou de jeunes talents y participent…
J'espère que ces voix ne s'élèvent pas d'un pays de la rive sud de la Méditerranée, cela rappellerait trop la fameuse fable Le renard et les raisins de Jean de La Fontaine. Au-delà de la performance sportive, qui n'est qu'un aspect de l'évènement, il faut rappeler que les JM sont avant tout un grand rassemblement des jeunes sportifs de la Méditerranée visant à renforcer les liens d'amitié et de solidarité par-delà les différences de langue, de culture et de religion. Un évènement qui œuvre, à sa mesure, pour la paix dans cet espace méditerranéen sous l'emprise de turbulences incessantes. Il ne faut pas perdre du vue non plus l'héritage que procurent les Jeux, notamment dans les pays où les régions qui les abritent, avec de nouvelles installations sportives et une mise à niveau de celles qui existent, une source de création d'emplois, une élévation des capacités d'organisation de grands évènements avec notamment l'adaptation aux nouvelles technologies, un impact social non moins négligeable en matière de préservation de la santé avec un engouement plus grand des citoyens pour les pratiques sportives et la liste des actions positives est encore longue. Pour en revenir au problème du niveau de participation aux JM, je ne peux nier le fait que certains grands athlètes méditerranéens de sports individuels, les grandes stars, font souvent défaut aux JM dès qu'ils atteignent les hautes sphères de la compétition sportive. D'aucuns s'accordent à dire qu'ils sont davantage attirés par l'appât du gain que procurent les meetings et tournois primés, plutôt que la représentation de leurs pays aux Jeux. Pour certains sports collectifs, pas tous heureusement, ce sont plutôt les clubs qui rechignent à libérer les joueurs, pour préserver leurs propres intérêts. Hélas, dans bien des cas aussi bien les fédérations nationales que les comités olympiques sont dans l'incapacité de forcer la participation de certains athlètes. – Pourtant les JM ont enregistré des records…
Effectivement, et c'est là où il y a lieu d'insister, car à l'inverse, ces défections ne doivent pas faire occulter la progression des performances sportives. A chaque édition, des records sont battus. Il y a eu 35 records aux JM de Tunis 2001, 61 records à Almeria 2005, 69 records à Pescara avec 2 records du monde à la clé, 24 records à Mersin 2013. Il faut retenir que certaines performances sont dignes du niveau olympique. Ceci pour appuyer mon opinion et conclure sur des questionnements, il devient évident que ce sont les sportifs des pays de la rive sud de la Méditerranée qui ont le plus besoin des JM, en ce sens qu'ils représentent un niveau de confrontation élevé, et surtout accessible. Donc pour moi et conscient de ma répétition, je dirai que ces fameuses voix ne sont que jactance tout à fait inutile. – La crise persistante peut bloquer des pays à se porter candidats. Pourrions-nous savoir si vous avez reçu des propositions d'organisation pour les futures éditions ?
Cela est tout à fait vrai, les effets persistants de la crise économique mondiale ont conduit la plupart des pays méditerranéens à mettre en œuvre des mesures restrictives, et le sport n'y échappe pas. Bien que l'on a vu deux pays méditerranéens candidats pour l'organisation des JO-2020, et il y aura certainement des candidatures pour les JO-2024. C'est dire que malgré les difficultés des sociétés, le sport demeure un message d'espoir, incitant toujours à aller de l'avant. En ce qui nous concerne, pour la 19e édition des Jeux méditerranéens de 2021, un appel à candidature a été lancé en décembre 2013 auprès de tous les comités olympiques des pays méditerranéens à l'effet de savoir s'il y a d'éventuels postulants. Le même appel a été fait pour la 2e édition des Jeux méditerranéens de plage prévue en 2019. Nous attendons les réponses. Les villes intéressées, bien évidemment en relation avec leurs autorités et leur comité olympique, peuvent annoncer dès maintenant leur intention de se porter candidates et elles auront jusqu'au 31 juillet, date limite pour le dépôt du dossier de candidature. Une mission d'évaluation du CIJM sera organisée au cours du dernier trimestre 2014. L'élection de la ville hôte se fera à l'occasion de l'assemblée générale du CIJM en 2015. – En tant qu'Algérien, n'aimeriez-vous pas voir de nouveau ces Jeux en Algérie ?
Bien sûr, je souhaite vivement que les JM accostent une nouvelle fois dans mon pays. Je suis persuadé que les Jeux, à travers toutes les formes de mobilisation qu'ils suscitent tant durant la phase de préparation, que celle du déroulement, pourront jouer un rôle d'accélérateur en faveur de la promotion et du développement du sport national. Ils pourront sans doute, à l'égal de ceux d'Alger en 1975, inspirer toute une génération et amener éventuellement le sursaut qualitatif dont notre sport a grandement besoin. Mais vous savez comme moi qu'une telle perspective relève d'abord d'une décision politique, car l'organisation d'un événement de cette envergure revêt le caractère de projet national, nécessitant l'implication et le soutien de plusieurs secteurs d'activité.