Présentés hier devant la justice, ils ont été placés sous mandat de dépôt. Devant la gravité de ce dossier, la justice algérienne a décidé d'un complément d'enquête et de saisir Interpol pour l'arrestation de plusieurs mis en cause qui se trouvent actuellement en Tunisie, en France, en Espagne et en Belgique. Cet important coup de filet dans le milieu des réseaux salafistes intervient après la disparition de plusieurs jeunes et moins jeunes des deux sexes – en majorité des lycéens – dans plusieurs wilayas de l'Est. Selon les aveux extirpés aux accusés, 43 jeunes, dont une dizaine de filles, ont déjà été envoyés en Syrie pour le djihad et le djihad enikah ; une quinzaine est actuellement en transit pour s'y rendre. Le démantèlement a été rendu possible par un travail de coopération mené par les services de la Gendarmerie nationale en collaboration avec les renseignements tunisiens et français. Saisis du dossier, les investigateurs des sections de recherches des groupements de gendarmerie de Constantine et de Tébessa ont ouvert une enquête. Trois mois après, les deux réseaux sont tombés dans les filets des services de sécurité. Les huit enrôleurs risquent gros, sachant qu'ils sont accusés de «formation d'association de malfaiteurs, adhésion à un groupe terroriste activant à l'étranger, apologie d'actes terroristes et non-dénonciation d'un crime». Pour le premier réseau composé de six individus, un travail poussé des enquêteurs algériens avec les renseignements étrangers a pu le mettre hors d'état de nuire. En effet, les éléments de la gendarmerie de la section de recherches de Constantine ont interpellé, à la cité des 1039 logements, commune d'El Khroub, un tôlier âgé de 30 ans, accusé d'être à l'origine du recrutement des jeunes au profit de groupes terroristes activant à l'étranger (Syrie) ; dans son domicile, des documents subversifs à caractère religieux ont été saisis. Au terme d'un interrogatoire poussé, le mis en cause a dénoncé son acolyte, âgé de 29 ans, qui a été interpellé à la commune d'El Khroub par les gendarmes enquêteurs après une longue filature. De fil en aiguille, les investigations entreprises ont pu établir l'organigramme de ce dangereux réseau. Les mêmes services de sécurité, exploitant les renseignements fournis par les deux recruteurs, ont interpellé quatre autres mis en cause. Parallèlement, le même travail d'investigation battait son plein dans la wilaya de Tébessa où deux personnes – S. A. 27 ans et S. D. 28 ans – ont été arrêtées dans la commune de Bir El Ater. Dans le domicile de S. A., un repris de justice, les enquêteurs ont découvert une importante somme d'argent et des faux passeports. Quant à l'acheminement de ces jeunes vers la Syrie, les mêmes accusés ont révélé que «le chemin le plus sûr est la Tunisie en passant par la Turquie (Istanbul et Hatay) pour rejoindre la zone de guerre en Syrie». A la fin de l'année 2013, plusieurs médias et agences d'information ont indiqué que 274 Algériens, membres d'Al Qaîda, étaient morts en Syrie depuis le début de la guerre civile, en mars 2011. Ces statistiques ont été communiquées par le «courant salafiste djihadiste jordanien». La Tunisie occupe la première marche du sinistre podium des pays où l'on puise ces combattants tués avec un total de 1902 morts ; la Libye est classée deuxième avec 1807 morts, suivie de l'Irak avec 1402 morts. Le nombre de Marocains tués s'élève à 412.
