Le 3 février, le très contesté secrétaire général du FLN, Amar Saadani lâche sa «bombe». Dans un entretien diffusé sur un site électronique, il s'attaque ouvertement et violemment au Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et plus particulièrement à son patron, le général de corps d'armée Mohamed Lamine Médiène, dit Toufik. Sans retenue ni raccourci, le patron de l'ex-parti unique, principal appareil politique du pouvoir, descend ainsi en flammes la structure la plus sensible de l'institution militaire. Amar Saadani accuse sans détours le chef du DRS d'avoir manœuvré pour l'évincer du parti et d'avoir été derrière tous les coups déstabilisateurs de partis politiques. Le trublion Saadani accuse également le DRS d'avoir inventé des affaires de corruption impliquant des personnalités du cercle présidentiel rien que pour affaiblir le chef de l'Etat. Il défend l'intégrité, l'honnêteté, la probité, la décence et le scrupule de l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil, éclaboussé par l'affaire Sonatrach 2. Et pour clore, il demande au chef du DRS de démissionner. La salve de Saadani, qui a fait du dénigrement du DRS son cheval de bataille depuis son intronisation à la tête du FLN un certain 29 août 2013, a suscité un véritable séisme politique dont les répliques se font sentir encore. Les propos accusatoires proférés par le chef du FLN provoquent des réactions en chaîne des partis et des personnalités publiques, civiles et militaires qui condamnent une «grave atteinte à l'institution militaire. Du RND de Bensalah au PT de Louisa Hanoune en passant par le MPA de Amara Benyounes, les formations politiques ainsi que les organisations syndicales (UGTA) et patronales (CGEA) ont dénoncé les propos de Saadani. Le FLN version Abderrahmane Belayat s'est également démarqué de ces déclarations qualifiées d'antinomiques avec les valeurs du parti. Mohamed Charfi, pour sa part, répond à Saadani en sa qualité d'ancien ministre de la Justice qui a eu à gérer les affaires de corruption, en particulier celle de Sonatrach 2 qui implique Chakib Khelil. Dans une contribution publiée par El Watan, il dénonce le «chantage» de Saadani qui lui a demandé d'extirper Chakik Khelil de cette affaire pour garder son poste ministériel. D'anciens militaires ont, de leur côté, dénoncé Saadani. A leur tête, le général à la retraite Hocine Benhadid qui a fait porter directement le chapeau de ces attaques au chef d'état-major de l'armée, l'autre général de corps d'armée Gaïd Salah. Par son silence sur cette affaire, ce dernier aggrave donc les soupçons de dissensions internes au sein de l'institution militaire dont la presse nationale fait état. Le chef de l'Etat réagit pour la première fois lors du crash d'un avion militaire à Oum El Bouaghi. Une réaction qui s'est avérée insuffisante pour apaiser la situation. Aujourd'hui encore, l'homme par lequel la crise a éclaté est toujours là. Il ne se sent d'ailleurs pas «directement» concerné par le dernier message du président de la République à l'occasion de la Journée du chahid.