Abdelaziz Bouteflika a-t-il véritablement l'intention de se lancer dans un quatrième mandat ? Ses partisans veulent forcer le passage, lui se tait… Si l'on prête du crédit à son entourage, l'annonce de sa candidature est toute proche ; l'Algérie sera alors gouvernée par un homme gravement malade, paralysé en partie, n'étant plus en mesure de s'exprimer en raison des séquelles de l'AVC dont il a été victime le 27 avril 2013, incapable physiquement d'être à la hauteur des tâches exigées d'un chef d'Etat. Il sera à l'évidence entre les mains de sa famille, qui sera la véritable détentrice du pouvoir en Algérie, manipulant les hommes et les institutions au gré des circonstances et des conjonctures. L'après-17 avril sera potentiellement explosif, avec une aggravation des scissions au sein de l'armée avec tous les risques d'implosion qui peuvent en découler. Abdelaziz Bouteflika apparaît comme l'un des principaux facteurs d'instabilité du pays. Il n'est pas le seul, certes, mais il serait vraiment naïf de sous-estimer ses responsabilités dans la grave crise politique actuelle. Il est au pouvoir depuis 15 ans. Il n'a pu réformer le système. Il a plutôt utilisé la police politique (DRS, renseignements généraux) pour renforcer considérablement son pouvoir et l'autoritarisme en Algérie, en vidant le pluralisme de toute sa substance, laminant la société civile et le mouvement associatif, brimant les libertés… Les opposants sont réduits au silence, empêchés de s'exprimer. Son modèle : la Tunisie de Ben Ali. Sous son règne, deux régions du pays (Kabylie, M'zab) sont fortement déstabilisées. Au plan économique, l'échec est total. L'Algérie est dépendante des importations, la rente pétrolière est dilapidée ; elle ne sert pas le développement, elle favorise les réseaux mafieux d'importation. La corruption fait des ravages. Ahmed Taleb Ibrahimi, Abdennour Ali Yahia et Rachid Benyelles ne peuvent être soupçonnés de connivence avec le DRS quand ils comparent le quatrième mandat à un «viol». Mouloud Hamrouche et bien d'autres n'en pensent pas moins. Les déclarations d'hommes politiques dont les carrières ont été compromises par les militaires algériens interpellent la sagesse et la raison des uns et des autres. Cette élection doit être ouverte. Il n'est pas trop tard. Elle peut être le début du renouveau de la vie politique dans notre pays. Abdelaziz Bouteflika a les données en main. Il est encore assez lucide, même s'il est physiquement très amoindri, pour mesurer qu'il doit se comporter comme un véritable patriote et non un fossoyeur de ce pays.