L'ancienne salle de cinéma Djurdjura (ex-Monaco) vient de se transformer en antenne administrative, pour le grand dam des cinéphiles oranais. Ce cinéma de quartier, fermé depuis déjà deux décennies, a totalement été rasé en 2011, avant de devenir, à présent, une administration. Une mauvaise nouvelle pour les amoureux du septième art, qui voient leur ville privée d'une nouvelle salle obscure. «Symboliquement, c'est une perte pour Oran ! Certes, actuellement, sauf la Cinémathèque, aucune autre salle n'est ouverte. Cela dit, il y a toujours l'espoir, même utopique, de les voir, un beau jour, réhabilitées et opérationnelles. Or, en ce qui concerne le Djurdjura, sa perte est définitive, irreversible, c'est triste !», dit un cinéphile en colère. «A chaque fois que je passe par la rue Mostaganem, raconte une personne âgée, en voyant ce qu'est devenu ce cinéma de quartier, j'ai un haut-le-cœur». Au-delà du cas du Djurdjura, la quasi-totalité des salles obscures que compte Oran est dans un piteux état. Délaissées, livrées à elles-mêmes, «nos salles font honte à voir !», diront beaucoup. L'exemple le plus patent est celui de la salle Marhaba (ex-Escurial) qui a fait pendant longtemps office de «dépotoir». «L'Escurial n'est pas beau à voir. A quand sa réhabilitation urgente ?», pesteront certains, en colère. Le Rex, à la rue Tlemcen, se trouve dans un état de dégradation bien plus avancée. Quant à celles ayant déjà bénéficié d'une opération de réhabilitation, à l'exemple du Maghreb (ex-Régent) ou d'Es-Saâda (ex-Colisée), elles n'activent qu'au gré des festivals, ou alors pour abriter des meetings politiques. «La salle Maghreb est un véritable bijou pour la ville, dira une Oranaise. Elle n'a rien à envier à l'Olympia de Paris. Pourquoi alors les Oranais ne profitent pas de cette salle à longueur d'année ?» En vérité, il n'y a que la Cinémathèque d'Oran qui projette quotidiennement des films, malgré les moyens du bord et un public se comptant parfois au compte-goutte. Mais étant l'unique salle d'opérationnelle, il lui arrive souvent de s'éloigner de son rôle initial et de devenir une sorte de «fourre-tout», dans lequel des films de toutes les catégories, y compris les plus récents, sont projetés. «Et dire qu'Oran se targue d'abriter le festival international du film arabe ! Au lieu de faire dans le ‘tape-à-l'œil', les autorités auraient mieux fait d'encourager la construction de cinémas de quartiers, notamment dans les nouvelles zones d'habitations où on ne compte aucune salle !», ironise un autre.