Son secrétariat national, réuni lundi dernier, avait décidé pourtant d'observer une position de neutralité lors de l'élection présidentielle du 17 avril prochain, en laissant aux membres de l'organisation le libre choix en rendant public d'ailleurs un communiqué largement diffusé par la presse. Surpris a été le lecteur le lendemain de découvrir dans les colonnes des journaux un autre communiqué soutenant la candidature du président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Le document a été signé par Saïd Abadou, le secrétaire général de l'ONM, qui a rédigé le communiqué tout seul, affirme un ancien moudjahid, responsable de l'ALN et membre important du secrétariat de l'organisation. Personne ne l'avait mandaté, explique notre source, révélant que Saïd Abadou a reçu des pressions. C'est Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation et Cherif Abbas, ministre des Anciens moudjahidine en poste, qui l'ont appelé pour exiger de lui, indique notre interlocuteur, le soutien de l'ONM à un 4e mandat de Abdelaziz Bouteflika. «Ils sont tous les deux membres du Rassemblement national démocratique (RND), Saïd Abadou aussi. Les partisans du quatrième mandat n'avaient pas digéré le fait que les anciens moudjahidine ne se soient pas embarqués dans le soutien à Abdelaziz Bouteflika, le président d'honneur de leur organisation. C'est d'ailleurs cet argument que Cherif Abbas et Abdelkader Bensalah ont fait valoir auprès de Saïd Abadou, qui a exécuté le changement sous pression. La loi nous interdit de nous prononcer en faveur d'un quelconque candidat, raison pour laquelle le secrétariat national de l'ONM a décidé de laisser le libre choix à ses membres», explique notre interlocuteur, indiquant que les moudjahidine sont en colère contre le secrétaire général de l'organisation qui aurait dû, selon lui, ne pas engager l'ensemble des moudjahidine et se contenter de parler uniquement de sa propre personne. En effet, les membres du secrétariat de l'ONM ne comptent pas rester les bras croisés. Ils se concertent, indiquent notre source, pour corriger la bévue de Saïd Abadou en dépit des menaces qui pèsent sur l'organisation. «Nous sommes des moudjahidine qui ont combattu le colonialisme, pas des mulets», s'insurge l'ancien maquisard et ancien responsable au sein de l'Armée de libération nationale (ALN). «On nous menace déjà de nous couper les vivres», c'est-à-dire les subventions qui font fonctionner l'ONM, indique encore notre interlocuteur qui promet une riposte, dans les prochains jours, du secrétariat national composé de 21 membres. Ce qui s'est passé la semaine dernière au sein de l'Organisation des moudjahidine révèle le degré d'indigence politique de ceux qui tentent par tous les moyens d'obtenir le soutien des organisations et associations au quatrième mandat pour Bouteflika.