Paris. De notre correspondante Son livre-référence La Bataille de Paris – 17 octobre 1961, paru aux éditions Le Seuil en 1991, a été un élément essentiel du long combat pour la reconnaissance par l'Etat français de ce crime d'Etat commis en plein Paris le 17 octobre 1961 et les jours suivants contre des manifestants pacifiques. Dans une interview qu'il nous avait accordée au moment de la sortie de son livre (El Watan du 17 octobre 1991), Jean-Luc Einaudi nous indiquait que «dans les événements du 17 octobre 1961, on a assisté à une volonté d'étouffement». Grâce au procès pour diffamation que lui avait intenté en 1999 l'ancien préfet de Paris, les victimes du 17 Octobre et leurs descendants obtenaient une première victoire symbolique. En effet, le 26 mars 1999, la justice française, en déboutant Maurice Papon de sa plainte en diffamation contre Jean-Luc Einaudi, reconnaissait officiellement pour la première fois la répression du 17 Octobre 1961 par la police de Paris au nom de l'Etat français. «L'histoire a fait aujourd'hui un grand pas en avant. J'ai envie de dire merci à M. Papon. Vous vouliez me faire taire, M. Papon. Dès le début, j'ai voulu que ce procès soit un moment de vérité. Il y a eu un moment de vérité grâce à vous», s'était adressé Jean-Luc Einaudi à Maurice Papon (El Watan du 17 octobre 1999). Son avocat Pierre Mairat nous avait affirmé alors qu'«au procès, 180 documents et témoignages ont corroboré les propos de Jean-Luc Einaudi, soit qu'il y a bien eu un massacre le 17 octobre 1961 et les jours suivants». Dans La Bataille de Paris, Jean-Luc Einaudi décrit minutieusement, documents à l'appui, les mécanismes et les responsabilités de cette tragédie. Dans une des nombreuses interviews qu'il nous avait accordées, Jean-Luc Einaudi estimait que «la pire des choses est le mensonge, la négation, l'organisation de l'oubli».