Plus de 8 ans d'attente, c'est le ras-le-bol ! Il est temps que les responsables réagissent », martèle, à bout de nerfs, le porte-parole des acquéreurs des 328 logements LSP sis à Ali Mendjeli, qui s'est rapproché de notre rédaction. Les logements en question ont été, pour rappel, réalisés par l'entreprise nationale des promotions immobilières (ENPI), dont le projet a été lancé fin 2005 pour être achevé en 2011. Une attente scandaleuse et des louvoiements inadmissibles, car il faut dire que ces souscripteurs ont payé toutes leurs redevances conformément à l'échéancier établi par l'ENPI, laquelle devait livrer les logements au début du mois de juillet 2012. Mais les retards n'ont fait que s'accumuler. Les raisons invoquées ? Les travaux des VRD qui auraient traîné durant des années, et la construction des postes tranfo pour l'électricité, qui n'aurait pas été effectuée ?! C'est bien sûr à prendre au conditionnel, sachant qu'il n'y a pas moyen d'en savoir plus devant le refus de communiquer du directeur régional de l'ENPI, Noureddine Smakdji. Ce qui est au moins clair, c'est que ce dernier n'a aucun respect pour ces gens dont la plupart habitent en location, et à des prix exorbitants ! «Personne n'est concerné par notre problème, c'est carrément du mépris de la part des responsables ; nous avons saisi par courrier le directeur régional de l'ENPI, les walis Noureddine Bedoui et Hocine Ouadah, le ministre de l'Habitat…Mais c'est le silence radio. Aucune réaction», fulmine encore notre interlocuteur. Pour notre part, nous faisons le témoignage suivant: le directeur régional de l'ENPI refuse de communiquer avec les souscripteurs, et plus grave encore, il refuse de parler à la presse. Il a été jusqu'à nous dire qu'il lui faut une autorisation spéciale du directeur général, à Alger. Et lui, alors, pourquoi est-il là ? Joue-t-il le rôle de figurant? Pourquoi l'a-t-on placé à ce poste? Juste pour la décoration ? «Après notre dernière lettre déposée à la direction de l'ENI, la secrétaire nous a déclaré qu'elle a reçu des instructions de la part du directeur régional, de ne plus jamais réceptionner les correspondances émanant des acquéreurs», a encore déclaré le représentant des souscripteurs, qui a précisé qu'ils ont saisi, à maintes reprises, la direction centrale à Alger, leur faisant part des problèmes qu'ils rencontrent auprès de la direction régionale, mais celle-ci fait également la sourde oreille. «Pourquoi ces responsables ne réagissent-ils pas ? Et ce directeur régional qui nous ignore, lui a-t-on assuré l'impunité ? Dans ce cas, il est responsable de quoi ? A qui va-t-on s'adresser alors?» s'interroge-t-il. Et d'ajouter : «En plus, il ne tient même pas ses promesses. Après bien des démarches épuisantes, il a daigné enfin nous établir les actes de vente sur plan (VSP), mais sans aucune précision concernant les délais de réalisation et de livraison des logements. Une sorte de papier sans grand intérêt juridique.» Et d'insister: «Pourquoi ce blocage? Et dire que c'est Noureddine Smakdji qui est à l'origine de tous nos problèmes, et il trouve encore le moyen de nous fermer ses portes, il ne veut même plus nous adresser la parole.» Ces gens ne demandent, en fait, que leur droit légitime. Pourquoi les fait-on courir ? Les entrepreneurs exigent une enquête La situation ne fait qu'empirer. Il y a décidément anguille sous roche. Même les entrepreneurs qui ont été chargés de la réalisation des différents projets lancés par l'ENPI, notamment dans les wilayas d'Oum El Bouaghi et Constantine, disent avoir été aussi les victimes du directeur régional. Cinq entrepreneurs nous parlent des projets de logements lancés à Aïn Beïda, Aïn M'lila, Aïn Fakroun, El Khroub, Zouaghi et Ali Mendjeli. Selon eux, «ce directeur» les a menés vers «une situation financière et sociale regrettable». Ayant achevé ces projets, ce responsable disent-ils, ne les a pas payés. «L'ENPI nous doit en moyenne à chacun entre 400 et 600 millions de centimes. Il nous a causé plein de problèmes, notamment avec les souscripteurs, dont certains, à Aïn M'lila et Aïn Beïda ont occupé les appartements de force, alors que nous n'avons pas été payés. Comment voulez-vous travailler dans ces conditions ?» martèlent-ils, ajoutant qu'il (le directeur régional) leur a dit qu'ils n'ont qu'à déposer plainte. «Donc la justice n'est rien pour ce monsieur ? Eh bien, nous n'allons pas nous taire», nous dit l'un des entrepreneurs. A l'unanimité, ils exigent une commission d'enquête à haut niveau pour faire la lumière sur tous ces dépassements. Ce qui est aberrant, c'est ce refus de communiquer affiché aussi audacieusement par le directeur régional de l'ENPI ! Il est utile, par ailleurs, de savoir que le ministre de l'Habitat a annoncé, il y a quelques jours, une nouvelle formule pour un décret autorisant l'Etat à retirer les marchés LSP des entreprises défaillantes.