La poussière domine partout dans les rues de Batna, et même là où jadis il faisait bon vivre, notamment du côté des quartiers coloniaux correctement urbanisés, l'air est suffoquant ! Les taches de verdures, héritées d'une époque meilleure, sont de moins en moins visibles et ce n'est pas que l'effet de la désertification. Question pour un dinar symbolique : depuis trente ans, combien de jardins publics ont-ils été créés dans la capitale des Aurès ? La réponse est décevante, et ceux ayant été créés avant cette période sont en très mauvais état. L'espoir est permis, ne serait-ce que pour rétablir ces derniers, puisque de nombreux projets sont en cours pour leur réhabilitation ! Le jardin du 1er Mai, jouxtant le boulevard de l'Indépendance, est fermé au public depuis environ deux mois et ne sera pas rouvert avant l'été. Constatant sa dégradation avancée, l'APC a confié à un entrepreneur la mission de le réhabiliter pour un budget de 18 millions de dinars. « On a pensé à débarrasser le jardin de la mauvaise fréquentation et en faire une véritable place publique digne de la ville, avec des espaces verts et sans clôture », nous a déclaré le vice- président de l'APC chargé de l'urbanisme, Khenag Mohamed. Le jardin de la mosquée du 1er Novembre est lui aussi concerné par les projets de réhabilitation ainsi que celui de Kechida, dont l'étude est en cours et devra toucher, en outre, les berges de l'oued à ce niveau pour y faire des promenades agréables. L'élu, d'obédience FLN, affirme que l'ensemble de ces projets sera achevé d'ici l'été prochain pour permettre aux citoyens de bénéficier de ces espaces de détente. Le sort de la pépinière située au bout de la route de Constantine, n'est pas encore connu quant à lui. La commune a réussi à récupérer ce jardin fait de vieux et élégants pins, mais il sera, dans le cadre d'une convention, confié à la DJS, et cette dernière n'a pas encore fourni la fiche technique des aménagement. Quant au plus imposant des jardins publics de Batna, celui de la Verdure, il a été fermé lui aussi pour permettre aux bulldozers de se frayer un passage vers la nouvelle cité administrative et désengorger le trafic routier à ce niveau, nous dit-on. Ceci dit, le jardin qui se trouve désormais coupé en deux, sera relié par un tunnel dont les travaux seront bientôt achevés. L'espace sera de nouveau ouvert au public, mais au niveau de l'APC on espère trouver le moyen de rompre le contrat de concession signé il y a quelques années avec le parc Belezma, et trouver un meilleur gestionnaire au grand profit du public, estimant que l'administration du parc n'a pas honoré correctement ses engagements. En tant que gestionnaire de proximité, la commune doit prendre en charge l'exigence de l'espace vert tel que précisé dans la nouvelle législation et l'Agenda 21. La nouvelle loi relative à la ville représente une révolution dans la vision globale de celle-ci et des besoins de ses habitants. Car elle prend en considération les différents aspects liés au secteur urbain, et a comme principal objectif un cadre de vie meilleur pour un développement durable. Malheureusement, la situation demeure déséquilibrée. Le ratio d'espace vert par habitant, calculé sur la base des normes internationales reconnues par l'ONU, est très loin de la norme fixée à 10,8 m2. Hormis le déficit, la ville souffre d'une mauvaise répartition de ses espaces verts, ce qui avantage les habitants d'un secteur par rapport à un autre. A Kechida par exemple, le ratio par habitant est insignifiant. Batna a besoin de réduire le déficit en terme d'espaces verts. Cette opération est très importante, au moins pour rétablir un équilibre entre le bâti et le naturel, et remédier aux problèmes de pollution et surtout de désertification auxquels la végétation est une solution indéniable.