Le wali d'Oran avait déclaré que les passeurs seront combattus sans relâche. «Les réseaux impliqués dans ce commerce de la mort seront arrêtés et punis avec toute la sévérité de la loi», avait-il ajouté. Ces dernières semaines, le phénomène de l'émigration clandestine était au cœur de l'actualité du pays. Les drames qui ont découlé de ces nombreuses tentatives d'émigration clandestine ont ému la société. Ainsi, il y a 10 jours de cela, un groupe de 29 harraga, en partance d'Oran, a vu son embarcation prendre feu, alors qu'il était au large de la côte de Ténès, dans la wilaya de Chlef. Seuls 9 d'entre eux ont pu être sauvés in extrémis, alors que les 20 autres ont tous péri. Jusqu'à jeudi dernier, la Protection civile a annoncé avoir retrouvé, après de laborieuses recherches, les corps de 7 d'entre eux. Aussi, 12 autres sont jusqu'à aujourd'hui portés disparus, et font l'objet d'intenses recherches. Les familles de ces disparus se sont rassemblées devant le siège de la wilaya pour réclamer des autorités locales de trouver les corps de leurs fils et filles. En prenant la parole, jeudi dernier, le wali d'Oran avait déclaré que les passeurs seront combattus sans relâche. «Les réseaux impliqués dans ce commerce de la mort seront arrêtés et punis avec toute la sévérité de la loi», a-t-il ajouté. Les harraga qui ont pris la mer le jeudi 20 décembre étaient issus des bas quartiers de la ville Oran, notamment de la cité populaire d'Ekmül, mais aussi Cholet et Victor-Hugo. Ce quartier était sous le choc le vendredi suivant ce terrible drame. «Tous mes voisins sont morts, je n'en reviens pas», s'est lamenté Mohamed sur les réseaux sociaux, un ancien habitant du quartier. Cela dit, ce terrible drame, qui a ému l'Algérie entière, n'a pas pour autant dissuadé d'autres futures candidats à l'émigration clandestine de tenter l'aventure. On nous expliquera ainsi que beaucoup attendaient le 31 décembre pour mettre le cap sur les côtes ibériques. «Comme c'est la fête du Réveillon ce jour-là, ces harraga gagent sur le fait que les garde-côtes espagnols soient un tantinet éméchés et alors ils ne seront pas très pointilleux, surtout en nocturne. Ils pourront ainsi passer sans ambages», nous a déclaré un ancien habitant du quartier, sous couvert d'anonymat. D'autres personnes, des spécialistes de ce phénomène, auprès de qui nous nous sommes approchés, affirment, pour leur part, que le phénomène de la harga, s'il est dramatique à plus d'un titre, renseigne sur une chose : l'idéologie islamiste en Algérie perd du terrain, et ce, de façon vertigineuse. «Ces jeunes, qui n'hésitent pas à braver les dangers de la mer dans l'espoir de rejoindre l'Europe, sont animés en fait par un désir de vivre. S'ils sont prêts de mourir pour aller jusqu'en Espagne, c'est qu'ils sont capables, aussi, de vivre.» Et d'expliquer encore que quand on voit le profil de ceux qui tentent l'aventure, nombre d'entre eux ont une situation, un métier correctement rémunéré, parfois même un logement. «Aussi, s'ils partent malgré cela, c'est qu'ils éprouvent ce besoin de vivre. De sortir, d'aller en boîte de nuit, de s'éclater. De vivre pleinement leur jeunesse, sans qu'on les juge. En somme, ce qu'ils veulent, c'est de ne pas mener une vie morose où la morale conservatrice a raison de tout !»