L'insécurité est partout. Dans les villes comme dans les villages. Un enfant qui sort de la maison peut faire l'objet, au détour d'un immeuble, d'une agression, d'un enlèvement ou tomber entre les griffes des différents réseaux de criminalité. Et s'ils sont envoyés dans les mosquées apprendre le saint Coran, ils risquent d'être victimes de pédophilie de la part d'imams véreux qui n'ont de croyants que l'apparence. Des cas pareils meublent la vie des Algériens. D'autant plus que des bandes organisées écument les quartiers, attendant la moindre opportunité pour passer à l'acte. Il ne passe plus aucune semaine sans que l'on annonce la disparition d'un enfant, la mort d'un autre dans des conditions troubles, et tout récemment, les enfants commencent à être touchés par le phénomène de la harga, ou l'immigration clandestine. En effet, Mardi dernier, trois enfants âgés entre 11 et 15 ans ont disparu à Bab Ezzouar (Alger). Ils ont laissé des messages à leurs parents, les informant de leur décision d'effectuer la traversée périlleuse et clandestine de la mer. Si ces enfants-qui heureusement ont été retrouvés- sont passés à cet acte, c'est que les réseaux de passeurs écument les villes. Et pour «s'offrir» la chance de risquer leur vie, ces enfants ont dû casquer des sommes importantes. Selon certaines sources, une harga dans une embarcation de fortune, qui risque de couler à tout moment au large, coûte jusqu'à 60 millions de centimes. Comment se les procurer ? Ils ont volé les biens de leurs parents ! Ces phénomènes qui menacent la vie des enfants prennent des proportions alarmantes, en l'absence d'une véritable protection et d'une grande implication de la société civile dans l'œuvre de sensibilisation. C'est le cadre de vie en général qui génère ces fléaux. Mais abstraction faite des conditions et des motifs qui ont poussé les trois enfants à la harga, leur acte démontre que le phénomène a pris des proportions très alarmantes. Justement, plusieurs enfants ont payé de leur vie les frais de cette aventure à l'issue incertaine. Un épluchage des communiqués du ministère de la Défense concernant les tentatives avortées d'émigration clandestine donne une idée sur la portée de la harga qui est revenue en force ces derniers temps, annonçant un été chaud en la matière. Des chiffres effarants... L'une des tentatives les plus spectaculaires est enregistrée le 23 janvier dernier à Oran dans laquelle figurait un couple avec deux enfants de 3 et 5 ans. Malheureusement, la fillette de 3 ans a été portée disparue alors que les 12 autres candidats ont été sauvés in extremis par une unité de gardes-côtes d'Oran. Le même jour, une tentative d'émigration clandestine de huit autres personnes à bord d'une embarcation pneumatique a été déjouée à Ain Témouchent. Dans plusieurs cas, les tentatives ont failli tourner au drame. Ainsi, le 16 janvier, une unité relevant du groupement territorial des gardes-côtes d'Oran/2e RM a réussi à porter secours à quinze (15) candidats à l'émigration clandestine et à repêcher le cadavre d'une personne ayant été à bord de la même embarcation, ainsi que l'évacuation d'une femme, dans un état critique, par un hélicoptère de recherche et de sauvetage relevant des Forces navales, vers l'hôpital d'Oran où elle est décédée. Le 17 janvier, ont été mises en échec, à Oran et Ain Témouchent, des tentatives d'émigration clandestine de 12 personnes à bord d'embarcations de construction artisanale. Une semaine plus tard, une unité des gardes-côtes relevant de la façade maritime Ouest/2e Région militaire a réussi une opération de sauvetage de dix-neuf (19) émigrants clandestins, et ce, suite au chavirement de leur embarcation pneumatique. Les naufragés ont été évacués vers le port de Béni Saf, wilaya d'Aïn Témouchent, tandis qu'une autre unité a déjoué une tentative d'émigration clandestine de 7 personnes à bord d'une embarcation de plaisance à Oran/2e RM. Le 25 janvier, une tentative d'émigration clandestine de 48 personnes à bord d'une embarcation de fabrication artisanale a été déjouée par des gardes-côtes à Ain Témouchent/2e RM, alors que deux jours plus tard, les gardes-côtes ont secouru quatre 4 harraga. Le 29 janvier, pas moins de 70 personnes ont tenté la traversée avant qu'elles ne soient interpellées. Cela pour ne tenir qu'au bilan du premier mois de l'année en cours. En 2017, c'est un bilan noir qui a été dressé. Plus de 3 000 tentatives de harga ont été enregistrées cette année. On évoque un chiffre de 8 000 harraga qui ont réussi la traversée et qui seraient dans des centres de détention en Europe, notamment en Italie et en Espagne.