L'Algérie a choisi un mode de réaction totalement différent de celui adopté par l'Egypte dans la crise qu'alimente ce pays à cause d'un simple match de football, nous a déclaré hier une source à la présidence de la République. Si jusqu'à présent, aucun officiel algérien n'est venu publiquement répondre à la dernière attaque diplomatique égyptienne, « la réponse prendra des formes adéquates dans l'intérêt de notre pays », précise un cadre au ministère des Affaires étrangères. Le secrétaire d'Etat chargé des Affaires juridiques, Moufid Chehab, a déclaré avant-hier : « Nous ne renverrons pas l'ambassadeur d'Egypte en Algérie s'il n'y a pas d'excuses ou de dédommagements pour les dégâts subis par les entreprises et le peuple égyptien. » Déjà, la meilleure réponse étant d'avoir maintenu Abdelkader Hadjar, ambassadeur au Caire alors que celui d'Egypte à Alger a été rappelé par son pays le 19 novembre dernier. Et à Chakib Khelil, ministre de l'Energie de déclarer que les relations entre les deux pays « s'améliorent », lors de sa visite, vendredi dernier, au Caire pour la réunion de l'Opaep. Mieux encore, une compagnie mixte verra le jour avec pour nom « Séléné Petroleum » comme pour démontrer que la raison l'emporte sur la passion. Mais aussi la symbolique étant très forte dans le choix du nom de cette entreprise. Séléné, fille de Cléopâtre l'Egyptienne, avait été épousée par le roi algérien Juba II, les deux étant enterrés dans ce qui est connu aujourd'hui sous l'appellation « Tombeau de la Chrétienne » à Tipasa (Algérie). Pourtant, l'opinion nationale, d'une manière générale, juge encore que les réactions des officiels algériens ne sont pas à la hauteur des attentes. Or, la position algérienne n'avait jamais cessé d'accompagner la suite des évènements. Trois ministres, Mourad Medelci, Hachemi Djiar et Djamel Ould Abbès, respectivement des Affaires étrangères, de la Jeunesse et des Sports, et de la Solidarité nationale avaient assisté à l'entraînement des Verts au lendemain du caillassage du bus et à la veille du match au Caire. Présent au Caire dans le cadre de la réunion extraordinaire de la commission de l'initiative de paix arabe, Medelci avait fermement condamné l'agression contre les joueurs algériens et avait demandé à son homologue égyptien de prendre les « mesures nécessaires » pour assurer la sécurité des joueurs et du staff. Le président Bouteflika, dans un message, la veille du match retour au Caire avait bien choisi ses mots. « Le devoir me dicte d'être le premier de vos supporters pour vous encourager en toute circonstance », avait-il notamment mentionné. Le secrétaire général du ministère, Madjid Bouguerra (actuellement ambassadeur), avait convoqué l'ambassadeur d'Egypte à Alger, auquel il avait demandé que « les autorités égyptiennes prennent toutes les dispositions nécessaires afin d'assurer la sécurité » des Algériens. Reste que la remarquable attitude officielle est celle prise par le gouvernement par le biais de Ahmed Ouyahia, Premier ministre, sous forme de communiqué. « Les capacités d'Air Algérie ont été mobilisées pour transporter les supporters du pays vers Khartoum. Les avions de transport de l'armée peuvent également être mobilisés si nécessaire. La population est invitée à continuer à manifester avec calme son soutien en Algérie à notre équipe nationale », mentionnait le communiqué entre autres mesures prises en ce temps-là. Une réponse claire alors que la veille, le Premier ministre égyptien, Ahmad Nazif, avait contacté son homologue algérien le pressant pour assurer la sécurité des Egyptiens en Algérie.