Organisées il y a quelques jours à Annaba par la société savante Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la face et du cou, les trois journées nationales d'ORL ont été très riches en enseignements. Pour les centaines de spécialistes de cette branche de la médecine d'Algérie et de France ainsi que les quelque 175 000 sujets atteints du syndrome de l'apnée du sommeil (SAS) en Algérie, l'urgence d'une prise en charge de ce dossier est d'actualité. Cette nécessité est mise en relief dans l'alerte donnée par le Pr Saïdia, directeur général du centre hospitalo-universitaire Ibn Rochd, chef de service ORL à l'hôpital Dorban et président de la société d'ORL et de chirurgie de la face et du cou, lorsqu'il a affirmé qu'« il ne faut surtout pas isoler les ronfleurs. C'est un syndrome qui peut avoir des conséquences graves sur la santé des sujets qui en sont atteints. La nécessité d'une prise en charge médicale du SAS s'impose. » Pour leur part, les praticiens algériens et leurs confrères français ont présenté des communications d'une rare pertinence. Ils ont organisé, en marge de ces journées, 3 ateliers workshop. A ces derniers, étaient assignés 3 objectifs : enregistrer, présenter et analyser la polysomnographique du sommeil de 2 malades ; le traitement en live d'un patient par radio fréquence vélaire, filmé et présenté en temps réel à tous les participants avec dialogue interactif ; la mise en place après leur confection à Paris de 3 orthèses d'avancée mandibulaire à 3 malades. Le thème de ces journées démontre tout l'intérêt qu'accordent les spécialistes au SAS et à son impact social et économique. Particulièrement sur le plan social. Selon des magistrats, le SAS, cet air inspiratoire sonore pendant le sommeil, est la cause de 30% des divorces enregistrés en Algérie. Durant ces journées, le ronflement a été étudié sous toutes les coutures, analysé, disséqué et classé en deux types d'apnée dont les obstructifs et ceux centraux. Tout autant que leurs confrères du monde, les praticiens français de l'hôpital de Saint-Antoine (Paris) ont admis que le SAS représente un facteur de risque des coronaropathies et des accidents vasculaires cérébraux et qu'ils sont pour beaucoup, la cause d'hypertension artérielle, hémiplégies, d'infarctus du myocarde, de troubles de rythme cardiaque, tendances dépressives et de troubles sexuels avec baisse de la libido. C'est dans ce cadre qu'ils ont abordé et largement débattu, avec leurs confrères algériens, les aspects physiologiques, pathologiques et thérapeutiques liés au ronflement et aux arrêts respiratoires multiples du sommeil. Lors de ces journées, d'autres aspects liés à la ronchopathie et à l'apnée du sommeil ont été abordés. Plus de 500 participants ont bénéficié d'informations médicales de qualité sur cette pathologie émergente et ses conséquences graves sur la santé des ronfleurs. C'est pourquoi, l'annonce de la transformation de ces journées nationales en des assises nationales d'ORL et de la chirurgie de la face et du cou a été longuement applaudie. Outre l'élaboration d'un recueil de l'ensemble des travaux présentés et sa diffusion à l'ensemble des praticiens d'ici et d'ailleurs, les participants ont lancé un appel au ministère de la Santé pour la création d'unités de prise en charge des troubles du sommeil. Les 175 000 malades apnéiques algériens dont plus de 3500 pour la seule wilaya de Annaba, les milliers d'autres qui s'ignorent et ignorent les risques de brusques décès qu'ils encourent, sont l'argument avancé pour souligner cette nécessité. D'autant que les compétences médicales algériennes existent et que l'équipe médicale du CHU de Saint-Antoine a exprimé sa totale disponibilité à apporter son assistance. Le générateur de radiofréquence étant déjà acquis et opérationnel au niveau du service ORL du CHU Ibn Rochd de Annaba, l'acquisition d'autres équipements permettra la création du premier service du genre spécialisé dans la prise en charge médicale du SAS.