En occupant un stand bien en évidence, lors du Salon de la femme qui se tient jusqu'au 8 mars prochain au palais des expositions, les responsables locaux de la Commission nationale de la femme travailleuse comptent attirer l'attention d'éventuelles adhérentes à leur mouvement et surtout informer le plus grand nombre de la gente féminine de l'existence de leur organisation et de ses objectifs. Née le 17 mars 2002 à Alger, la commission a ouvert son bureau local, et partant régional, au siège wilayal de l'UGTA à Djabbour Brahim, et ses six membres composant le bureau de wilaya représentent les principaux secteurs d'activité où la présence féminine est la plus importante : l'administration, les douanes, la santé, l'enseignement, le monde de l'entreprise et Air Algérie. Pour la responsable de l'organique, Mme Abderrahmane Keltoum, le but de ce genre de contact direct avec les femmes est de les appeler à s'intégrer dans le monde syndical et les informer sur leurs droits juridiques et professionnels. Quant au harcèlement sexuel dans le milieu professionnel, la commission en fait une priorité parmi tant d'autres, et des séminaires régionaux regroupant des femmes cadres, des juges et des syndicalistes sont organisés dans ce sens-là. En parallèle à des formules de dénonciation, la commission active pour encourager les victimes de harcèlements sexuel et moral à venir témoigner et dénoncer les pratiques dont elles sont la cible. Ainsi, pas moins de 200 témoignages sur le harcèlement moral et une cinquantaine sur le harcèlement sexuel ont été enregistrées sur le territoire national, un chiffre qui ne reflète pas entièrement la réalité quotidienne dans le milieu du travail. « Les femmes ont souvent peur de dénoncer leur bourreau de crainte de représailles et des qu'en dira- t-on », nous avouera notre interlocutrice. Un sujet qui reste toujours tabou et un drame au quotidien qui se joue à huis clos, en présence ou non de témoins, parce que ce phénomène prend mille visages pour persécuter sa proie. Les témoignages récoltés par la Commission nationale de la femme travailleuse dénoncent un harcèlement insidieux qui ne s'affiche pas ouvertement. Une main qui traîne par inadvertance, des insinuations à peine déguisées, des mots déplacés, quand ce n'est pas carrément le passage à l'acte. « Les situations qui favorisent ce déchaînement se produisent lors de recrutement, de promotions ou d'autorisation de sortie, alors que les cadres reviennent souvent dans les accusations des victimes comme principaux responsables du harcèlement. Souvent les sections syndicales ne jouent pas pleinement leur rôle. » Pour l'organique du bureau local, la femme travailleuse doit se prendre en charge et ne plus se contenter du rôle de la victime expiatoire et silencieuse. « Il existe un arsenal juridique en place pour défendre la femme dans ce genre d'affaire et c'est à elle d'en user à bon escient », conclura-t-elle.