Après les vives critiques soulevées par l'annonce du projet de création d'une joint-venture algéro-égyptienne dans l'activité de recherche et d'exploration de gisements de pétrole et de gaz faite par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil cette semaine au Caire, le ministre apporte, en exclusivité pour El Watan Week-end, quelques éclaircissements, en marge de la conférence ministérielle du forum des pays exportateurs de gaz qui s'est tenue hier dans la capitale qatarie Doha. Doha (Qatar) : De notre envoyé spécial Il a précisé que le montant de l'investissement dans ladite entité – détenu à part égale – sera de 10 millions de dollars et non de 15 milliards de dollars comme rapporté par certains médias. Chakib Khelil précise que la nouvelle société, qui portera le nom de Séléné – fille de Cléopâtre, et épouse de Juba II – ne dépensera pas plus de 3 millions de dollars comme investissements durant les cinq années à venir. Le ministre a rappelé que les relations entre l'Algérie et l'Egypte dans le secteur des hydrocarbures sont historiques et ne datent pas d'aujourd'hui, ni de la période de tension que traversent les relations diplomatiques et populaires entre les deux pays au lendemain des deux matches qualificatifs à la Coupe du monde 2010 et la campagne anti-algérienne dans les médias égyptiens. Il a expliqué que l'Algérie vend à l'Egypte actuellement des quantités importantes de GPL et que les sociétés égyptiennes sont impliquées dans des projets en Algérie dans la production d'engrais et dans des unités de GNL notamment. Dans le même ordre d'idées, Chakib Khelil a indiqué que le projet de la joint-venture Séléné a été entériné lors de la visite du Premier ministre égyptien, Ahmed Nadhif, en Algérie en 2008 pour présider la délégation égyptienne à la réunion de la haute commission algéro-égyptienne. Un mémorandum d'entente a été signé par les ministres de l'Energie des deux pays pour entamer des négociations dans le but de créer une société commune dans l'activité en amont de recherche et d'exploration. « Après une année de dures négociations pour arriver à un accord, nous avions rendez-vous avec la réunion de l'OPAEP au Caire, et nous avions à choisir entre faire une visite à part pour parapher l'accord, ou de faire du deux en un et profiter de la visite de la délégation pour finaliser. Donc, nous avons décidé d'optimiser les coûts et de concrétiser le travail dur qui a été réalisé. C'est aussi simple que cela », explique le ministre. Il ajoute qu'il n'y a pas eu de décision politique quelconque dans ce dossier et que les réunions avec la partie égyptienne se sont tenues normalement et que la délégation algérienne a été très bien reçue. « Nous sommes arrivés à un accord, d'autant plus que les Egyptiens auraient pu faire le déplacement pour finaliser ledit accord, mais comme ils étaient déjà venus en Algérie dans le cadre de ces négociations, c'était au tour de la délégation algérienne de se déplacer au Caire », a-t-il encore indiqué. Chakib Khelil a révélé par ailleurs que l'accord sur la création de la société Séléné a été paraphé par les deux parties, algérienne et égyptienne, au cours de la visite au Caire. L'accord doit être soumis aux autorités des deux pays avant d'être finalement signé. Une signature qui pourrait parvenir lors de la venue du ministre du Pétrole égyptien, Hossam Fahmi, à Oran lors de la réunion ministérielle du Forum des pays exportateurs de gaz le 19 avril 2010. Les deux parties, égyptienne et algérienne, ne se sont pas tenues au seul dossier de la société Séléné, mais ont également abordé plusieurs projets de partenariat dans le secteur des hydrocarbures. Chakib Khelil donne plus de précisions en déclarant : « Nous avons parlé de plusieurs projets dont l'étude de la revitalisation d'une raffinerie de brut lourd égyptien, pas forcément en Egypte, d'autant plus que l'Algérie importe le bitume, ce qui est dû principalement au fait que le pétrole brut algérien est léger et ne peut pas être transformé en bitume. Donc, l'idée est d'étudier la construction d'une raffinerie de brut lourd ». Deuxième projet évoqué lors de la visite de Khelil en Egypte, « celui d'une infrastructure de stockage puisque l'Algérie exporte maintenant du GPL, et pourquoi ne pas songer au marché du GPL dans toute la région du Moyen-Orient et de l'Asie à partir d'une base en Egypte ». « Donc, nous allons étudier la faisabilité d'un projet de stockage de GPL », a-t-il dit en précisant que l'Algérie ne va pas prendre de part majoritaire dans un tel projet. Le troisième volet de partenariat discuté par les ministres algérien et égyptien de l'Energie concerne les besoins de gaz propane de l'Algérie. L'idée consiste à réduire les coûts de transport en s'approvisionnant de l'Est, profitant du voyage des GPLiers algériens pour l'exportation de GPL. Les navires de transport de GPL reviendront en Algérie chargés de propane au lieu de retourner à vide. L'Algérie compte aussi tirer profit du projet du pipeline Sumed (Suez-Mediterranean pipeline) qui permet d'acheminer le brut de ses actionnaires (Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Egypte) d'atteindre la Méditerranée. L'ambition de l'Algérie est de pouvoir acheminer le brut algérien dans le sens inverse de Sumed et de permettre de recharger les tankers algériens qui alimentent le marché asiatique, sans avoir à faire le tour de l'Afrique.