Des touristes algériens ont été refoulés d'une ville algérienne très prisée en ces périodes de fêtes et de vacances scolaires. Quel qu'en soit le motif : religieux pour les uns et socioéconomique pour les autres, la fête de fin d'année a été gâchée sur l'autel de la bêtise. Une bêtise de plus pour condamner le citoyen à se complaire dans sa tristesse. Il se trouve qu'il y a des professionnels du désespoir qui trouvent leur compte en pareille occasion pour embrigader des jeunes. Sachant jouer à la perfection sur la fibre sensible de la religion, ils propagent alors leurs propres idées rétrogrades. Les événements frustrants de Taghit pénalisent non seulement ses habitants durant ces jours de fête, mais écorchent profondément sa réputation et son avenir de ville touristique. Ces trouble-fêtes faisant abstraction de la vie sur Terre trouvent bizarrement une liberté de manœuvre déconcertante. Durant l'année écoulée, de nombreux concerts musicaux ont été perturbés ou tout simplement annulés. Des islamistes moralisateurs de la vie publique prennent prétexte du pouvoir d'achat du citoyen pour qualifier de gaspillage toute manifestation culturelle. Et par extrapolation, le tourisme devient, dans leur logique, une déviance qu'il faudra bannir. Sur la forme, un tel esprit de résignation est visible à travers nos villes. Les rues sont désertes dès la tombée de la nuit, y compris lors de grandes occasions planétaires. Seules les nuits de Ramadhan accueillent encore les familles dans «la vie nocturne». Dans le fond, l'emprise maléfique des apprentis charlatans sur le comportement de la grande majorité du peuple n'a aucune influence. Ils sont des millions d'Algériens à traverser les frontières ne serait-ce que le temps d'une nuit de réveillon pour festoyer, en famille, dans un pays aussi confronté aux conditions sécuritaires similaires aux nôtres. L'art de vivre est loin d'être occasionnel chez l'Algérien. Il en fait une seconde nature tant ses moyens et son environnement le lui permettent. A défaut, il n'hésite pas à risquer sa vie pour tenter de rejoindre des cieux lui paraissant plus cléments. Souvent, ses rêves se «noient» en Méditerranée. Les milliers de «harraga» morts en mer, jeunes, femmes et enfants, n'ont suscité que la pénalisation de l'acte, puis sa proscription religieuse de la part des décideurs.