Il est à noter que depuis l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, en 1999, aucune demande d'agrément de parti politique n'a été acceptée. Les arguments de M. Zerhouni concernant les partis politiques ayant déposé leur dossier de demande d'agrément et n'ont pas eu de réponse ne sont que des affabulations. » C'est là la réaction de Abdessalam Ali Rachedi, chef de file du parti Essabil, non agréé. En effet, ce jeudi, en marge des travaux du Conseil de la nation, M. Zerhouni s'en est défendu en rejetant la balle sur les partis concernés. D'après le ministre de l'Intérieur, le dossier de demande d'agrément de tout parti qui n'a pas encore été agréé est incomplet et tous les demandeurs d'agrément, selon lui, savent pourquoi leur dossier est bloqué. Respect des normes Dans une réponse virulente, M. Rachedi regrette l'attitude des pouvoirs publics et pense que l'Etat algérien ne respecte pas ses propres normes. « Nous avons déposé un dossier complet de demande d'agrément et les services concernés ont refusé de nous délivrer un accusé de réception. C'est un précédent grave, c'est digne des pratiques de voyous. Ainsi et sans aucune preuve, nous ne pourrions même pas nous plaindre auprès de la justice », a pesté notre interlocuteur, qui explique que dans des régimes démocratiques, il n'existe pas de lois sur les partis politiques ni sur les manifestations et encore moins sur la liberté d'expression alors qu'en Algérie, déplore l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur, le pouvoir empêche les citoyens de se réunir. « Rares sont les Etats qui exigent des autorisations pour la tenue d'une réunion publique. Chez nous, non seulement nous sommes soumis à cette exigence, mais pis, le pouvoir fait pression sur les gestionnaires des salles de réunion... Nous sommes dans un système d'interdit général », lance notre interlocuteur, qui s'insurge contre le comportement discriminatoire du pouvoir qui favorise les partis politiques acquis à sa cause. Il est à noter que depuis l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, en 1999, aucune demande d'agrément de parti politique n'a été acceptée. M. Rachedi rappelle le contexte dans lequel a été élaborée la loi organique portant sur les partis politiques. Une conjoncture caractérisée par l'inexistence d'une Assemblée populaire nationale. Et à Ali Rachedi d'ajouter : « De quel droit Zerhouni devient-il la conscience de la nation pour agréer un parti ? » De son côté, Mohamed Saïd, secrétaire général du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) non agréé, pense que la déclaration du ministre de l'Intérieur est dénuée de toute valeur légale et dévoile « une fuite de responsabilité » et « un mépris » des règles de gestion administrative. Mohamed Saïd a tenté de démanteler les arguments de M. Zerhouni en se basant sur les réponses positives émises par la direction générale des libertés publiques et des affaires juridiques. « De l'avis même des services compétents de cette direction, notre dossier est "bien ficelé" et ne souffre d'aucun manque. En outre, à supposer qu'il y ait un manque d'une pièce quelconque, ces services ne nous en ont jamais fait part, de quelque manière que ce soit, verbale ou écrite », a observé le SG du parti qui, tout en rappelant la genèse de l'affaire, explique qu'une administration publique sérieuse chargée de la gestion des affaires publiques agit envers les citoyens par des écrits et non par des déclarations verbales. « Comment expliquer le silence de M. Zerhouni quant à la lettre que nous lui avions adressée au mois d'octobre concernant les tergiversations injustifiées de son département à autoriser la tenue du congrès constitutif du PLJ, en application de l'article 15 de la loi organique relative aux partis politiques ? », s'est demandé le SG du parti. Toutefois, Mohamed Saïd, candidat à la dernière élection présidentielle du 9 avril 2009, ne se considère nullement concerné par les propos du ministre puisque les fondateurs du parti, créé à la veille de cette échéance électorale, ne reculeront pas et se disent déterminés à poursuivre leur lutte pacifique pour arracher leur droit constitutionnel à participer à la vie politique. La déclaration de M. Zerhouni, qui coïncide avec la Journée mondiale des droits de l'homme, sous-entend, selon le chef de file du PLJ, la persistance du département de l'Intérieur dans la violation de la Constitution et de la loi sur les partis. Il est regrettable, tonne l'ex-candidat, « de relever, dans ce sens, le silence à la fois des institutions nationales en relation avec les libertés et les droits de l'homme et des forces politiques attachées à la défense de la démocratie ». « Les propos du ministre menacent l'un des fondements de l'Etat de droit, garantissant la stabilité et la paix sociale. Cet état ne peut être que l'œuvre d'hommes imbus de la culture d'Etat », a encore lancé Mohamed Saïd.