Va-t-on vers une nouvelle carte politique nationale ? Probablement si l'on se réfère aux récentes déclarations du ministre de l'Intérieur, début mai, suggérant la possibilité d'agréer de nouveaux partis et aux bruits autour d'une nouvelle loi sur les formations politiques. Du coup, Mohamed Saïd, l'ex-candidat à la présidentielle d'avril dernier, s'est engouffré dans la brèche entrouverte par Zerhouni : il a déposé en bonne et due forme le dossier d'agrément de son Parti de la liberté et de la justice au niveau du département de Zerhouni. Depuis l'arrivée de Abdelaziz Boutelfika au pouvoir, il y a dix ans, aucun nouveau parti n'a été agréé. Souvenons-nous du Front démocratique de l'ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, et de Wafa de l'ancien ministre Ahmed Taleb-Ibrahimi – dont Mohamed Saïd était le porte-parole – qui n'ont pas reçu leur agrément. Alors, changement de cap ? « Il y a un nouveau ton », témoigne à El Watan Vendredi Mohamed Saïd. Est-ce à dire qu'il existe de nouvelles disponibilités du pouvoir vis-à-vis des formations politiques ? « Ce serait positif si les pouvoirs publics assainissaient la situation en permettant aux forces réellement représentatives de former des partis, car maintenant on ne connaît pas le poids réel des partis en présence », indique l'ancien candidat à la présidentielle. « Mais il faudrait accompagner cet éventuel assainissement par l'ouverture politique et médiatique, sinon on ne fera qu'additionner des zéros », nuance Mohamed Saïd. L'ouverture ne semble pas au programme gouvernemental. Mais la tendance ressentie ces dernières années est de décrédibiliser l'opposition « classique ». Depuis le piège des assemblées locales jusqu'à l'accusation de non-mobilisation des masses, le pouvoir a joué le jeu du « c'est pas ma faute, c'est la faute aux partis ». Y aurait-il une vraie stratégie derrière ? Au début des années 2000, des cercles de réflexion haut placés avaient évoqué un remodelage de la scène politique avec dissolution des partis pour en créer de nouveaux, après une période de transition, sans références religieuses ou linguistiques. Le postulat de départ est que les partis n'ont pu faire face aux différentes crises politiques majeures en raison de leur anachronisme et leur « héritage » historique ou idéologique. Ira-t-on vers ce planning ? Ou cherche-t-on à faire table rase de l'historique de l'opposition algérienne ? L'avenir nous le dira.