La situation critique de bon nombre de moudjahidine n'échappe à personne.Les anciens moudjahidine ont-ils une vie décente ? Disposent-ils de suffisamment de moyens financiers pour subvenir à leurs besoins ? De combien est leur pension de retraite ? De quels avantages jouissent-ils ? Autant de questions qui ressurgissent dans le sillage de la dernière sortie médiatique de la moudjahida Djamila Bouhired, qui a mis au grand jour sa situation sociale critique. Au ministère des Moudjahidine, c'est le black-out total. Aucun responsable n'a daigné répondre à nos questions. Mais la situation critique de bon nombre de moudjahidine n'échappe à personne. Les pensions de retraite versées à cette frange de la société restent, pour nombre d'entre eux, modestes. Elles varient en fonction du nombre d'années passées pendant la Révolution et du degré d'invalidité. Comme défini dans la loi du moudjahid et du chahid 99/07 du 5 avril 1999, le montant minimum des pensions de retraite des moudjahidine est fixé à 2,5 fois le SNMG. Après la revalorisation du SNMG en 2007, la pension est ainsi passée de 25 000 à 30 000 DA. Cependant, la pension de moudjahid reste trimestrielle. Un moudjahid ayant un taux d'invalidité de 60%, par exemple, perçoit 21 000 DA par trimestre. Une somme qui est loin de subvenir à ses besoins quotidiens dans un pays où l'inflation ne cesse de galoper. Les pensions ont certes été légèrement revalorisées (de 2000 à 3000 DA selon les catégories) avec la mise en application du décret exécutif portant sur l'augmentation des rémunérations des pensions des moudjahidine et des ayants droit en 2008. Mais elle reste insuffisante. D'autres revalorisations sont prévues avec la nouvelle loi sur le moudjahid et le chahid. Le point indiciaire pour chaque année de participation à la guerre de Libération passera ainsi de 10 à 40 points. Aussi, la dernière augmentation du SNMG, ramené à 15 000 DA, va entraîner une augmentation de fait. Actuellement, contrairement aux veuves, de nombreux moudjahidine touchent moins de 36 000 DA. Quelques avantages, notamment fiscaux, permettent à une certaine catégorie de moudjahidine de vivre à l'aise. Parmi ces avantages, ceux liés à l'achat de véhicules neufs. Ainsi, les moudjahidine ont le droit d'acheter un véhicule en hors taxes tous les cinq ans. Ils ont aussi une retraite de 100%, pour ceux qui ont travaillé après l'indépendance. L'Etat permet également aux moudjahidine d'obtenir des licences d'exploitation, avec avantages fiscaux, dans des domaines d'activité comme le commerce et le transport. Comme ils sont classés prioritaires en matière d'accès au logement. Mais ces avantages ne touchent pas l'ensemble des moudjahidine, dont le nombre avoisine le million. En attendant une probable augmentation envisagée par le gouvernement pour 2010, beaucoup de moudjahidine vivent des situations difficiles.