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Juste un mot : Le sel de la terre
Publié dans El Watan le 19 - 06 - 2014

Nous n'oublierons jamais les intenses moments que nous avons vécus, la semaine dernière, à Aïn Benian à l'occasion d'une authentique fête populaire belle et généreuse, le mariage de l'un des enfants de cette magnifique agglomération, Nadjib, jeune et beau, qui nous rappelle, à chacune de nos rencontres, le splendide Marlon Brando, jeune acteur dans le merveilleux film d'Elia Kazan Sur les quais (USA 1954). Plus de 500 personnes ont été accueillies, ce soir-là, dans une atmosphère fortement chargée de chaleur et d'hospitalité, parmi lesquelles les jeunes, les amis du nouveau marié, étaient les plus nombreux.
Ces jeunes tous grands, beaux et élégants, apportaient à leur ami de grands sourires et une immense joie de vivre. La grande ambiance créée par l'orchestre traditionnel de Ghardaïa et leurs chants gnawis était rehaussée d'un immense repas de grande qualité, dans le respect de notre cuisine. Le brillant numéro de Karim, oncle de Nadjib, apporta lui aussi un moment de ferveur et d'émotion. Tout cela à son domicile.
Tous les invités étaient assis sur ces fameuses chaises pliantes, faites de planches horizontales si spécifiques de nos fêtes. Revenons à nos jeunes qui représentent pour nous «le sel de la terre», en hommage au magnifique film d'Herbert J. Biberman (USA, 1954 l) et à la discussion animée que nous eûmes pendant un long moment avec Nadjib et ses cinq fidèles compagnons et amis.
L'un d'entre eux nous dit, d'emblée, combien il était attristé de ne pas voir avec nous leurs acteurs modèles, Rachid Farès, disparu il y a deux ans déjà, Osmane Bechikh disparu, il y a deux mois seulement et Mohamed Ouerdech, émigré depuis de très longues années. Lorsque nous avons pris la parole pour leur dire combien leur jeunesse et leur enthousiasme nous redonnaient confiance et espoir, alors que de nombreuses voix pessimistes et alarmistes nous répètent à longueur de journée que notre jeunesse est foutue, qu'elle est perdue. C'est Nadjib, à la fois étudiant à l'université d'Alger, travailleur au port de la Madrague et membre de l'Association d'aide aux handicapés que son père a fondée, qui nous répondit d' une voix ferme et railleuse : «Nous pouvons vous dire que nous ne comptons que sur nous, nous ne sommes pas des enfants de l'Ansej, nous n'attendons rien des consultations pour la révision de la Constitution et nous ne serons jamais ni des hittistes ni des haraga».
C'est pour leur dire que la vie n'était pas si parfaite et qu'elle pouvait nous réserver des moments difficiles que nous leur avons raconté l'histoire que voici :
Il arrive souvent qu'un père, qui recherche son enfant, finit par le retrouver dans un lieu auquel il ne pensait pas du tout. C'est le cas de ce père de famille qui découvre avec stupeur que son fils, disparu depuis quelques temps, a rejoint le clan des harraga et n'avait pas donné signe de vie depuis plusieurs jours. Inquiet, il s'en est allé à sa recherche : commissariats, jeunes du quartier, université, club de foot, etc. Aucune trace de son enfant… nulle part. Mais à force de persévérance et malgré l'omerta qui règne dans certains milieux, il finit par apprendre où il était parti. Il avait intégré un groupe de jeunes qui, avec l'aide de quelques passeurs et des moyens de fortune, avait tenté de traverser la Méditerranée. En un mot, son fils était devenu un «harrag». Le moment de stupeur passé, il avait essayé de comprendre. Comment un garçon si brave et si gentil, dont la vie familiale était normale et agréable, pouvait-il faire une chose pareille ? Sa scolarité était bonne et même exemplaire jusqu'à l'université.
Dans le quartier, il était apprécié par les voisins et avait des amis plutôt aisés. A table, il animait souvent les repas par ses anecdotes et les informations qu'il glanait dans la presse. Les derniers temps, il s'était branché sur Internet et avait délaissé la télé. Ses frères et sœurs, ayant remarqué ce changement, aimaient le charrier en faisant allusion à son nouvel amour, une fille aux yeux bleus qui habitait de l'autre côté de la mer. Comment un tel enfant, doté d'un si bon caractère et qui faisait toujours son possible pour ne pas chagriner ses parents et ses proches, avait-il pu s'embarquer dans une histoire qui allait certainement se terminer de façon tragique ? Ayant compris la gravité de la situation, le père décida de créer une Association qu'il nomma 17 avril, date de la disparition de son fils. Il savait que les choses allaient être difficiles car, au-delà de lui-même et de sa famille, ce drame touchait un grand nombre d'Algériens.
Grâce à l'association et au travail collectif de ses membres, des investigations sérieuses furent menées et elles aboutirent à la conclusion que son fils avait disparu en mer. «Mon Association travaille sur le sujet depuis presqu'une année et nous sommes nombreux à avoir compris que, lorsqu'ils se sentent humiliés, nos enfants sont poussés à bout et prêts alors à affronter tous les dangers.» Et il ajouta aussitôt : «Depuis que mon fils a disparu, j'ai découvert qu'il avait déposé quatre demandes de visa en bonne et due forme et que les quatre lui ont été refusées sans raison apparente.» Et, pourtant, nos jeunes aussi ont le droit de caresser les cheveux d'une jeune fille et ont le droit d'aimer.


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