Il serait souhaitable que cette modeste contribution soit insérée dans les pages du quotidien El Watan, comme droit de réponse au portrait, paru le 10 courant, consacré à M. Mechati. Ce dernier y a traité Boudiaf de dictateur. Aussi, il précise qu'il « n'avait pas de problème personnel avec Boudiaf malgré leurs différends stratégiques ». Est-ce pour cette raison qu'il a été membre fondateur de la fondation Mohamed Boudiaf ? Selon une longue contribution de Boudiaf, parue dans le numéro 15 de El-Djarida, d'octobre/novembre 1974, (bien situer le contexte), Boudiaf, sous le chapitre « Réunion des 22 » dit ceci : « Certes notre souci de déclencher l'action sur tout le territoire national nous avait amenés à faire appel à des éléments moins représentatifs, mais c'était somme toute l'exception. D'un point de vue géographique, il y avait pour Alger, Bouadjadj Zoubir, Belouizdad Athmane, Merzougui Mohamed et Lyès Derriche chez qui nous étions réunis. Pour Blida, Souidani Boudjemaâ et Bouchaïb Belhadj qui, sans être originaires de la région, la connaissaient bien pour s'y être réfugiés depuis qu'ils étaient recherchés, travaillant dans les fermes et établissant des contacts avec les ouvriers agricoles des daïras de Maghnia et de Nemours, Pour le Constantinois, Mechati, Habbachi Abdesslem, Rachid Mellah et Saïd dit Lamotta, membres du comité de Constantine et sur lesquels nous comptions beaucoup pour déclencher l'action à Constantine même. Ils nous lâchèrent avant le 1er Novembre ». Cette contribution n'a pas, à ma connaissance été démentie en son temps ou même après, par M. Mechati. Pourtant Boudiaf a bien écrit : « Ils nous lâchèrent ». Est-ce là l'objet des « différends stratégiques » dont parle M. Mechati dans son portrait ? Dans cette même contribution, Boudiaf décrit précisément comment la réunion des 22 a élu sa direction. Il se trouve que M. Mechati, pour des raisons qu'il serait souhaitable de connaître pour l'histoire, n'a pas été élu par les 22. Est-ce la faute à Boudiaf ? Aussi, le portrait consacré à M. Mechati a ceci d'intéressant, la citation de Winston Churchill où il dit : « A la guerre vous ne pouvez être tué qu'une seule fois. En politique plusieurs fois ». Cependant, certains ne sont morts ni à la guerre ni en politique, car pour mourir en politique, il faut d'abord avoir été né en politique. De grâce, M. Mechati, Boudiaf a fait ce qu'il croyait être son devoir. Boudiaf n'est mort ni à la guerre ni en politique. Il est parti victime « d'un acte isolé » . Cela ne lui suffit-il pas ? Alors cessez de tirer sur sa tombe et arrêtez l'histoire à sens unique. Nacer Boudiaf, 13 décembre 2009