Un navire de marchandises battant pavillon togolais a percuté, hier à 5h, un mur de protection du port de Ténès, faisant deux morts, six disparus et un blessé parmi les membres d'équipage de différentes nationalités (libanaise, égyptienne, syrienne et hindoue). Le seul rescapé, un Egyptien, se trouve à l'hôpital de Ténès mais ses jours ne sont pas en danger, selon une source médicale. « Fortement traumatisé, il ne peut parler », nous a-t-on indiqué à l'hôpital. Deux corps non identifiés ont pu être repêchés hier, entre 9h et 10h, par les plongeurs de la Protection civile, qui sont à pied d'œuvre pour retrouver les six disparus.Les gestionnaires du port mettent en cause « le vent violent et les grosses vagues qui ont affecté la façade maritime cette nuit-là ». Selon des informations concordantes, le navire de 87 mètres était vide et attendait son tour pour accoster et charger une marchandise de déchets ferreux. « Il y avait trois navires avant lui au quai et nous avons demandé à son équipage de rester en rade jusqu'à l'achèvement de l'opération déchargement de leurs produits respectifs. Devant la houle qui devenait très menaçante, le navire a dû effectuer plusieurs navettes pour garder son équilibre. Il a même essayé de se diriger vers une zone d'abri, du côté de Tipaza, mais il n'a pu poursuivre son chemin à cause du déferlement des vagues », nous a indiqué un cadre de l'entreprise portuaire de Ténès. C'est vers minuit que les choses se sont gâtées et l'équipage, sentant le danger, a dû émettre un appel de détresse pour une assistance d'urgence. Il n'a pas reçu l'aide sollicitée et l'irréparable est arrivé le matin, à 5h. Le navire s'est détaché brusquement et s'en est allé percuter violemment un mur de protection longeant le quai, juste à côté de l'accès principal du port commercial. La cabine de pilotage a été littéralement arrachée et s'est échouée non loin de là, alors que le reste du bâtiment est complètement endommagé et en partie immergé. Le seul rescapé de l'équipage a été éjecté sur le rocher, tandis que ses compagnons ont été engloutis par la mer en voulant sauter sur le radeau de sauvetage. Les opérations de recherches n'ont abouti à aucun résultat malgré les moyens déployés par les services de la Protection civile. Les circonstances de la catastrophe font l'objet d'une vive polémique et déjà les critiques se font entendre quant aux mesures prises par les autorités portuaires pour prévenir ou éviter de tels accidents, surtout après un BMS des services de la météo, comme c'est le cas pour cette affaire. Le PDG de l'Entreprise portuaire de Ténès dit n'avoir pas reçu de SOS, mais juste un appel pour l'envoi d'un remorqueur qui, d'après lui, ne pouvait effectuer cette mission en raison des « vagues immenses qui atteignaient huit mètres ». Pour sa part, le représentant de l'armateur est formel : « Le commandant du navire a bien émis un bulletin de détresse auprès de la capitainerie du port de Ténès à minuit et avait sollicité l'assistance des services concernés. » Il révèle aussi que le navire, qui est arrivé le 9 décembre à Ténès, aurait dû être chargé dimanche dernier, mais cela n'a pas été fait pour des raisons qu'il dit ignorer. Toujours est-il que le ministre des Transports, Amar Tou, présent hier sur les lieux, a ordonné une enquête pour faire la lumière sur ce drame. L'on apprend que le parquet général s'est d'ores et déjà saisi de l'affaire et a ouvert une information judiciaire.