Le Festival national culturel des Aïssaoua a pris ses quartiers à Mila, du 13 au 18 décembre, pour la 4e année consécutive. Une édition qui promet couleurs et sensations. Quatorze wilayas, impliquant 18 groupes et associations, participent depuis, avant-hier, à cet événement culturel adopté de fort belle manière par les Mileviens. Le rendez-vous, tout en conservant sa formule festive avec la programmation d'alléchants spectacles folkloriques en soirée, n'en propose pas moins une exposition exubérante sur la richesse inestimable du patrimoine (manuscrits, recueils de poésie et vestiges inaltérables des Aïssaoua), ainsi qu'un plateau de communications relevées ayant pour thématiques : le Soufisme et ses multiples voies dans la contemplation divine, la philosophie de l'incantation, l'influence et la dimension des zaouïas et le « dhikr » selon la tariqa aïssaouia. « Au-delà du folklore et des envolées lyriques, la tariqa aïssaouia, qui, à travers les chants envoûtants, est une musique psychédélique et le “madh” rythmé s'appuie sur une profonde méditation dans la contemplation et la glorification du Tout puissant, voire l'identification à Dieu, et demeure un courant ascétique et mystique musulman apparu au Xe siècle, cherchant avant tout l'union spirituelle avec le maître de l'univers », note Saïd Djabelkhir, un émérite chercheur en soufisme. Le mystique mouvement des Aïssaoua, en Algérie, a été adopté par de grands révolutionnaires, qui avaient utilisé cette voie spirituelle pour organiser et déclencher, à partir des confréries et des zaouïas, l'insurrection contre le colonialisme français. L'Emir Abdelkader (tariqa qadiria), Sidi M'hamed Benabderrahmane (tariqa rahmania) et Lala Fathma N'Soumer qui a vaincu 7 généraux de l'armée français, en sont l'illustration édifiante. Dans le prolongement de la cérémonie d'ouverture, le nombreux public présent, en début de soirée à la maison de la culture, a vécu d'intenses moments d'interaction avec la troupe folklorique El Baroud (Biskra), mais surtout avec l'association aïssaouia Hadj Khroubi de Annaba. Et ça ne fait que commencer !