Inauguration n La première édition de ce festival placé sous le thème «Corriger les concepts», a débuté, hier soir, à Mila, et devra durer jusqu'au 14 décembre. Quinze troupes représentant 13 wilayas et une autre troupe venue de Tunisie participent à cet événement qui s'inscrit dans cette tradition de transmission, d'enseignement et de préservation du patrimoine immatériel du pays. Il est à souligner que la confrérie des Aïssaoua est un patrimoine vieux de cinq siècles. Depuis sa création, cette confrérie n'a pas cessé de contribuer à l'enrichissement du patrimoine soufi du Maghreb, tant culturel que musical. Les recherches dans ce domaine rapportent qu'elle a été créée au Maroc par le cheikh Mohamed Ben Aïssa, mais c'est en Algérie qu'elle a connu son essor. C'est en effet à Ouezra, dans la région de Médéa, que la première zaouïa aïssaouia a été créée par le cheikh Hamed Ben Allel à la fin du XVIIIe siècle. Le rite de la confrérie des Aïssaoua, qui s'est largement propagé en Algérie durant le XXe siècle, puise ses préceptes du livre Le Guide des bonnes œuvres du cheikh Mohamed El-Djazouli qui recommande fortement de psalmodier le Saint Coran et l'évocation intense de Dieu. Le rite des Aïssaoua confère à ses adeptes une plus grande liberté dans le soufisme, estime le chercheur Omar Benaïcha. Outre d'avoir entrepris des recherches théologiques qui ont été d'un grand apport dans l'éducation et l'enseignement, la confrérie des Aïssaoua a, rappelle-t-on, pactisé en 1824 avec la confrérie El-Kadiria de l'ouest du pays pour combattre le colonialisme français. Des chercheurs français l'ont décrite comme une confrérie influente, capable de soulever les campagnes algériennes contre l'occupant, ce qui a poussé l'administration coloniale à la dénigrer et à l'accuser de charlatanisme et de sorcellerie. Dans le domaine artistique, la confrérie des Aïssaoua s'est distinguée par la création de sa propre école de chants mystiques à laquelle certains chercheurs attribuent un grand mérite dans la conservation du patrimoine musical dit andalou que l'école aïssaouie continue de propager et de transmettre de génération en génération. Le festival national , qui a débuté hier soir, coïncide d'ailleurs avec la 3e édition du séminaire international qui se tient à Béjaïa sous le thème «Culture, musique et soufisme». Les deux événements vont dans le même sens de la préservation et la transmission du patrimoine immatériel.