Même au plus chaud de l'été, il défie le soleil de ses grandes feuilles vertes. Le Calotropis procera, plus connu sous le nom de pommier de Sodome, arbuste toxique spécifique du Sahara, intrigue les scientifiques. A l'instar de nombreuses plantes du désert, il fait l'objet de nombreuses études car ses mécanismes de résistance à la sécheresse peuvent s'avérer utiles pour l'homme si le climat continue à se réchauffer. Et le calotropis est un excellent cas d'étude puisqu'il affectionne les sols dégradés, en particulier les anciennes cultures et pâtures gagnées par le sable. Toutes ses parties sont toxiques : des études menées sur les racines brutes, le fruit séché et les autres composantes utilisés en inhalation pour le traitement de l'asthme, ont montré qu'ils entraînaient à la longue une insuffisance rénale aiguë. Mais le plus redoutable est sans doute son latex, suintant aux cassures. Edmond Bernus, géographe spécialiste des Touaregs, a même rapporté que les ânes ou les chevaux qui se frottent contre l'arbre, perdraient même leurs poils à son contact. La calotropine contenue à l'intérieur de ce lait, dangereux cardiotoxique (substance qui exerce une action toxique sur le cœur), était autrefois utilisé pour la confection de flèches empoisonnées. Mais cette substance permet aussi de soigner les plaies des chameaux, ou encore de débarrasser les animaux de leurs tiques. Et ce n'est pas tout : même les fibres du Calotropis, contenues dans son liber (partie intérieure de l'écorce de l'arbre) et dans ses fruits, très résistantes, ont une utilité. Les premières servent à la fabrication de cordages et de filets, les secondes comme bourre ou substitut de coton hydrophile. Les Touaregs aiment également son bois, utilisé pour les piliers des tentes. Léger, il est pratique à transporter lors de leurs déplacements. Pilé, il sert de poudre dans les cartouches des fusils et à faire cailler le lait. Le terme pommier de Sodome semble faire référence à une phrase écrite par l'historien Flavius Josèphe dans l'ouvrage Bellum judaicum, qui évoque les fruits poussant sur le territoire de l'ancienne Sodome : lorsqu'ils ont l'air mûr et qu'on les cueille, ils se réduisent dans la main en fumée et en cendres. Il semble que ce texte fasse référence à Calotropis procera, mais il pourrait aussi s'agir de Solanum linnaeanum, plante dont les fruits sont connus sous le nom de pommes de Sodome. Au Sénégal, on l'appelle arbre à soie.