Des lobbies financiers ont fait main basse sur la vie politique de la wilaya en ayant recours à la « chkara ». Le citoyen lambda, comme la classe politique, regardent impuissants l'émergence, à travers une majorité des instances élues, de représentants frappés de torpeur et incapables d'être à l'écoute du citoyen, encore moins de transmettre ses préoccupations ou de proposer des solutions aux foultitudes de problèmes auxquels celui-ci est confronté. Des « vérités générales » que les partis politiques eux-mêmes reconnaissent malheureusement quand il s'agit seulement de l'autre. Plus grave est encore le constat de ces derniers s'agissant du recours à l'argent pour « l'achat » des voix à l'approche des sénatoriales. C'est le MSP qui a dénoncé le premier ce qu'il qualifie, dans un communiqué rendu public par son bureau de wilaya, de « pratiques non reconnues par les lois ». L'instance de wilaya du même parti lance, à travers ledit communiqué, un appel à l'adresse de toutes les formations politiques pour bannir à jamais de tels procédés. Même son de cloche chez les deux factions rivales du FLN. Des militants proches de la Mouhafadha ont critiqué de manière acerbe, mais dans l'abstrait, tous « ceux qui ont souillé le militantisme authentique et terni l'image de l'élu en ayant recours à la chkara (allusion faite au sachet de billets de banque ndlr) ». Tous ont refusé que leurs noms soient portés sur le journal. « Nous sommes les militants d'un parti qui compte dans ses rangs des moudjahidine, des enfants de chouhada et des cadres de la nation. Nous ne pouvons, de ce fait, admettre que les représentants du peuple soient eux-mêmes auteurs d'actes préjudiciables et contraires à l'éthique de l'élu », nous a déclaré, à l'unisson, un autre groupe de militants du parti de Belkhadem, représentant la faction rivale à la Mouhafadha. Le PT, représenté par Mohamed Nouiri, n'a pas été tendre non plus face au degré atteint par ce phénomène : « Le parti des travailleurs se démarque de l'achat des voix, une pratique devenue monnaie courante chez nos politicards épaulés par des milieux financiers et des rabatteurs de fonds qui investissent lors de chaque échéance électorale pour demander plus de dividendes et de privilèges une fois leurs candidats favoris placés au sénat. » Ammar Sahraoui, cadre du FNA et membre de l'APW de Souk Ahras, n'a pas lésiné sur les mots pour critiquer les lobbies financiers qui ont fait main basse sur la vie politique dans cette wilaya. Il précisera à ce sujet : « Nous ne nous contentons pas de dénoncer ce fléau qui gangrène la vie politique et qui réduit les chances des représentants authentiques de la population. Nous avons lutté contre ce phénomène dans notre formation et nous continuerons à agir ainsi jusqu'à ce que les recycleurs des fonds mal acquis comprennent que les principes de certaines gens ne sont pas à vendre. » Lakhdar Madi, le secrétaire général de wilaya du RND, n'y est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer cette pratique en ces termes : « Nous devons d'abord informer l'opinion publique que notre formation ne se reconnaît pas à travers la corruption. Nos militants demeurent probes et irréprochables quelle que soit l'importance des échéances ou des postes à briguer parce que nous croyons que l'essor économique et la stabilité politique du pays passent avant l'ascension sociale des individus. Ceux qui crient au loup ne sont pas forcément des agneaux. Nous invitons les instances compétentes à ouvrir une enquête sur ceux qui avaient agi de la sorte lors du mandat précédent ainsi que sur ceux qui gèrent aujourd'hui des milliards de dinars dont nous ignorons l'origine. Mieux encore, nous proposons une autre formule d'élection pour mettre fin aux arrivismes politiciens. » Condamnations qui nous mènent droit vers la question suivante : « Qui corrompe qui ? »