Aussi bien pour le gouvernement que pour les partis politiques, l'échéance électorale du 29 novembre constitue un tournant décisif. L'activité politique s'intensifie à quelques encablures du rendez- vous électoral et la guerre des arguments fait déjà son apparition. Les responsables des partis et des ministre du gouvernement font feu de tout bois. Toutes les occasions et toutes les raisons sont bonnes pour descendre en flammes le concurrent politique, fut-il un partenaire de l'Alliance. Aussi, l'échéance électorale du 29 novembre s'annonce, d'ores et déjà, comme un tournant décisif pour l'actuel gouvernement. Après un silence quasi total durant le mois sacré de Ramadhan, les chefs de partis et les membres du gouvernement reprennent la chose politique en main. Chacun à sa manière, tente d'investir le terrain. Durant le mois de Ramadhan, la flambée des prix mise au-devant de l'actualité a occulté un tant soit peu l'activité politique partisane. Des produits de première nécessité sont devenus inaccessibles. Le pouvoir d'achat du citoyen a été mis à rude épreuve. La classe politique s'est retrouvée interpellée par la grogne citoyenne. Une interpellation qui a contribué à faire sortir la classe politique de sa torpeur. Le réveil a été si brusque que chacun veut crier plus fort que l'autre. Pendant que les deux ministres concernés, ceux de l'Agriculture et du Commerce, se renvoyaient la balle, une 14e bipartite -gouvernement-Ugta- qui a débattu la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique, a eu lieu au début de septembre. Cette bipartite n'était malheureusement pas le sésame tant attendu par les fonctionnaires. L'augmentation des salaires n'a été que très tardive et n'a concerné qu' une partie des travailleurs. Les enseignants de l'université réclament toujours, à cor et à cri, leur dû. Après un mutisme inquiétant, c'est Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND) qui fustige et accuse le gouvernement de Belkhadem d'être sous l'emprise des lobbies. Ce gouvernement manque, à ses yeux, «de rigueur et de courage politique (...), patine dans des questions stratégiques et recule au lieu d'avancer». Le courant ne passe plus entre les deux hommes, composant avec Bouguerra Soltani l'Alliance présidentielle. Depuis longtemps, ils se donnent en spectacle et lavent leur linge sale en public. Le summum de cette guéguerre a été atteint lorsque le patron du RND a fait un sévère réquisitoire (début septembre) contre la politique du secrétaire général du FLN, même s'il avoue ne viser personne. Dans la même optique, le MSP n'y est pas allé de main morte dans ses critiques envers la politique globale suivie par le gouvernement. C'est le fossé qui s'élargit au sein de l'Alliance, «elle qui ne répond à aucun élément de la plate-forme sur laquelle elle a été bâtie», a précisé Abderezzak Mokri, vice-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) dans une déclaration faite à la Radio nationale. A la suite de ces différends stratégiques, et la remise en cause de ses choix économiques, notamment celui ayant trait au taux de croissance enregistré durant les trois dernières années, nombreux sont ceux qui ont précipité le départ de Belkhadem de la tête du FLN. En fait, ces auteurs ont fait le mauvais pronostic, car Belkhadem est bel et bien là. Après mûre réflexion, le chef du gouvernement a mis fin à toute spéculation à son sujet, indiquant qu'il restera à la tête de l'Exécutif «jusque au jour où le président de la République décidera de me remercier». Une réponse sans équivoque faite au lendemain du discours du chef de l'Etat après l'ouverture de l'Année judiciaire. Le message du président a conforté M.Belkhadem dans un discours privilégiant la Réconciliation nationale, devenue une doctrine pour certains. Pour les observateurs de la scène politique, ce serait une opération suicidaire de se séparer du secrétaire général du FLN dont M.Bouteflika est toujours le président d'honneur. Après le dépôt des recours, dépassant 1000 au total, c'est la campagne qui s'ouvre aux responsables des partis. Ces derniers ont-ils des arguments solides pour convaincre une population qui risque de tourner le dos aux prochaines élections?