Aucun accord final n'était en vue, hier à 21h, et ce, malgré une journée de tractations chaotiques qui n'aura pas suffi aux 120 chefs d'Etat présents à la conférence de Copenhague pour conclure les négociations quant aux mesures à adopter afin de limiter le réchauffement planétaire. « L'UE est prête à conclure un accord à Copenhague. Mais ce sont surtout d'autres blocs qui manquent pour l'instant. Les Etats-Unis ont fait des efforts. La Chine pas encore. Donc, j'espère que ce sera encore le cas », a expliqué le Premier ministre belge. « Cette fois-ci, ça passe ou ça casse. On met toute la pression sur la Chine. C'est un moment très important et très critique », a souligné M. Leterme, de la capitale danoise. « Ce soir, cette nuit, on a encore une chance de réussir », a-t-il estimé, au moment où les chefs d'Etat de la planète tentaient désespérément, vendredi soir, de conclure les négociations de Copenhague sur le réchauffement climatique. L'heure prévue pour la clôture officielle du sommet a été dépassée, vendredi soir, sans perspective d'accord. Les discussions, « dures » selon le président français Nicolas Sarkozy, se sont ainsi poursuivies, hier, bien au-delà de l'heure de la clôture officielle du sommet, initialement prévue pour la fin de journée (17h GMT). Et si la douzaine de jours de cette conférence a été des plus tumultueuses, la journée d'hier, qui se voulait une clôture en apothéose avec le sommet des dirigeants et l'adoption d'un accord politique final, n'aura pas dérogé à la règle. Et l'issue, incertaine, de ce qui était annoncé et attendu comme le sommet de « l'espoir pour sauver la planète » a surtout été l'occasion pour la majorité des acteurs, ou du moins des plus importants, d'afficher leurs divergences quant aux mesures à adopter afin de limiter le réchauffement climatique et endiguer ses funestes impacts environnementaux et humains. Les discussions tournaient ainsi depuis plus de 24 heures autour du projet de déclaration politique des leaders qui pourrait servir de « chapeau » à un éventuel accord. Les différentes versions qui se sont succédé visent toujours à limiter le réchauffement planétaire à 2°C au maximum par rapport aux niveaux pré-industriels. Une aide financière immédiate de 30 milliards de dollars sur trois ans, de 2010 à 2012, sera apportée aux pays les plus vulnérables et le package atteindra progressivement 100 milliards de dollars par an d'ici 2020. Aucun objectif chiffré de réduction des émissions polluantes n'était consigné à ce stade. Mais l'addition des promesses faites à ce jour par les différents pays conduirait à une hausse de la température moyenne de la planète de 3 degrés, bien au-delà de l'objectif souhaité de 2 degrés, selon un document interne de l'Onu, dont le Guardian s'est procuré une copie. Un peu plus tard, une autre version du projet de déclaration politique que doivent adopter les dirigeants leur a été soumise, comportant un objectif de réduction de 50% des émissions mondiales de gaz à effet de serre à l'horizon 2050. Mais la Chine et les autres grands pays émergents refusent obstinément depuis six mois d'y souscrire tant que les pays industrialisés ne rehausseront pas leurs ambitions pour leurs propres réductions d'émission d'ici 2020. Le président russe Dmitri Medvedev, qui avait évoqué un chemin encore « long et difficile », a quitté Copenhague en début de soirée pour une visite prévue de longue date au Kazakhstan, laissant tous ses pouvoirs à son conseiller climat. « Aucun pays ne pourra obtenir tout ce qu'il souhaite », avait prévenu à la tribune Barack Obama devant plus de 120 chefs d'Etat et de gouvernement présents – tout en campant sur les positions américaines. « La question est de savoir si nous avançons ensemble ou si nous nous déchirons, si nous préférons les postures à l'action », avait-il dit. Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a de son côté appelé à prolonger les négociations en 2010 pour parvenir à « un accord réellement global et une réponse authentiquement solidaire au changement climatique ». A l'inverse, le président brésilien Luiz Ignacio Lula da Silva est apparu désespéré après les premières réunions, se déclarant prêt à « faire un sacrifice » pour aider financièrement les pays les plus vulnérables et permettre d'arriver à un accord. Une proposition, a-t-il insisté, qu'il n'avait encore jamais partagée « ni avec (son) peuple ni avec (son) Parlement » et qui fait bouger les lignes de partage traditionnelles entre pays industrialisés, responsables « historiques » du CO2 accumulé dans l'atmosphère, et pays en développement.