Apparemment, la pénurie chronique d'enseignants dont souffre le sud n'est pas la seule affection qui corrode le secteur de l'éducation, le manque de conscience professionnelle de certains enseignants est également un symptôme malsain nécessitant un traitement d'urgence et profond si l'on veut réellement sauver ce qui reste de ce système. Irresponsabilité Mauvaise gestion, négligence, absences abusives d'enseignants, le collège Imam Tabari de Hassi Boustene, sis à Ouargla, en est un exemple parmi tant d'autres. Durant cette année scolaire, les élèves de la 4e moyenne ont été confrontés à de réels problèmes dus aux absences fréquentes de certains professeurs. Pour la classe 4m5, le professeur de langue arabe a manqué pendant tout le premier trimestre ; ayant pris deux congés de maladie consécutifs à raison de 15 jours chacun, il n'a pas été remplacé. Les élèves restés sans cours pendant toute la durée de son absence sont descendus lors de la période des examens dans la cour du collège pour protester. Pour les classes 4e M1 et 4e m2, c'est une histoire tout aussi grave, leur professeur de français, étant très occupé par la préparation de sa thèse pour l'obtention de son magistère, n'a probablement pas le temps pour enseigner. Les enfants, livrés à eux-mêmes, n'ont pas fait le programme des 1er et 2e trimestres durant lesquels des notes leur ont été attribuées indistinctement. Ils ont passé leurs examens en même temps que les autres classes sans que l'on ait pris en considération le fait que les cours ne leur ont pas été assurés. Une situation qui a engendré des résultats catastrophiques et a suscité une forte indignation chez les élèves et leur parents. Appels sans échos Depuis le déclenchement de l'affaire en mars dernier, Bouziane Abdelkader, président de l'association des parents d'élèves du CEM Imam Tabari, a fait appel à tous les concernés afin d'intervenir mais en vain. Ses appels sont restés sans écho. Plusieurs courriers ont été envoyés consécutivement, les 23 et 24 mars — soit au début du 2e trimestre — au président de la fédération nationale des parents d'élèves, au directeur de l'éducation nationale, au syndicat des travailleurs de l'éducation nationale et de la formation ainsi qu'au directeur du collège. Un second courrier daté du 23 avril a été envoyé a la fédération nationale des parents d'élèves, une demande de rendez-vous a été également envoyée au directeur de l'éducation, le 12 mai, et au wali de Ouargla, le 8 juin 2014. Rien. Comme aucune réponse ne parvenait, en dernier recours une demande d'intervention a été envoyée, le 3 juillet, au ministre de l'Education nationale. Absentéisme et décrochage scolaire Absences et grèves continuelles affectent la scolarité des enfants chaque année. Justifiées ou pas, les absences des enseignants sont une forme d'irresponsabilité qui influe négativement sur le rendement, les résultats et le niveau des élèves, ce qui explique sans le moindre doute la dégradation flagrante et perpétuelle du niveau scolaire au primaire comme dans le moyen enseignement. Délaissés et abandonnés à leur sort, les élèves ne peuvent en aucun cas avoir de bons résultats. Au moment où tous les gouvernements du monde se mobilisent dans la lutte contre le décrochage scolaire, chaque année des centaines de jeunes, sans niveau et sans qualification, sortent prématurément du système scolaire algérien. Grèves, intensification des programmes, surcharge des classes, absentéisme, mauvaise gestion des écoles. Apparemment, les élèves payent les frais de cette situation. L'école en putréfaction leur renvoie une image brisée d'eux-mêmes qui leur est incontestablement négative. Confrontés à des difficultés d'insertion et de la ségrégation, de nombreux adolescents s'abandonnent à la délinquance, la drogue et à la criminalité.