Sur le chemin de wilaya qui relie El Kseur et la commune d'Amizour, à 22 km à l'est de Béjaïa, des agents de la protection civile contemplent impuissants l'avancée d'un incendie qui ravage une partie de la colline de Boukhelifa. Il est 21h, le seul dispositif mis en place est une ambulance et des sapeurs-pompiers. L'image est effroyable. Les flammes avancent rapidement dévorant tout sur leur passage. Leur crépitement est audible de loin. Les flammes redoublent d'intensité et de hauteur par intermittence. Impossible d'intervenir. «Il n'y a aucun accès vers cette forêt, nous surveillons la trajectoire de l'incendie. Nous intervenons avec des renforts, uniquement s'il y a une réelle menace sur les maisons ; c'est notre priorité dans ce cas», dit un sapeur-pompier. Ce qui rend la tâche difficile pour les soldats du feu, pompiers, vigiles et agents de la Conservation des forêts est le manque, voire l'inexistence de pistes agricoles et de points d'eau au cœur des massifs forestiers. Depuis le premier août jusqu'à hier, le feu a dévoré, dans la wilaya de Béjaïa, plus de 280 hectares de végétation, selon un communiqué de la protection civile. Ce qui porte le total de la surface boisée brûlée à 320 ha depuis le premier juillet. Dans certaines localités comme Melbou, Aokas, El Kseur, Amizour ainsi que dans la périphérie de la ville de Béjaïa comme Sidi Bouderhem et Boukhiama des cultures ont été décimées par le feu. Les services de la protection civile ont enregistré plus de 3000 arbres fruitiers et 400 bottes de foins ou de paille et une trentaine de ruches d'abeilles qui sont parties en fumée. Les citoyens interrogés craignent le pire cette année. À peine août a commencé que la surface boisée brûlée se rapproche du chiffre de l'an dernier qui est de 410 hectares de couvert végétal détruit sur les 122 500 ha tous patrimoines confondus. Les mêmes services ont eu à affronter 40 feux important sur les 125 départs signalés depuis juillet. Toutefois, afin de lutter efficacement contre le feu, il est indispensable d'ouvrir des pistes agricoles, des voies qui serviront de tranchées pare-feux et qui faciliteront l'intervention des sapeurs-pompiers. Et sur ce chapitre, les programmes d'investissement sont à la traîne. Dans son programme d'action pour l'année 2014, les services de la Conservation des forêts de la wilaya de Béjaïa ambitionnent d'ouvrir plus de 66 kilomètres de pistes forestières dont 15 km seront consacrés à la forêt de M'zala située entre les communes d'Adekar et d'Akfadou, au sud-Ouest de la wilaya de Béjaïa. Toujours en phase de consultation, ce projet touchera évidement les zones rurales. Selon l'administration, 13 souscriptions administratives sont concernées par cette opération. Parmi elles, la forêt domaniale de Beni Mimoun qui s'étend sur le territoire d'Amizour et de Boukhelifa, avec un linéaire de 12 km. Par ailleurs, vu la multiplication des départs de feu, beaucoup de citoyens se posent la question sur l'origine de ces feux qui ravagent chaque année des centaines d'hectares de forêt et de cultures. Selon nos informations, aucune plainte n'a été déposée contre des pyromanes. Quant à l'administration, elle privilégie la nature accidentelle et involontaire des feux de forêts. Et parfois même, ces feux sont provoqués par imprudence par des citoyens mal sensibilisés.