La fin du deuxième et constitutionnellement parlant du dernier mandat du président Abdelaziz Bouteflika est dans 16 mois. Mais voilà que l'on assiste à un empressement d'une multitude d'associations et d'organisations dites de masse pour l'appeler à briguer un troisième mandat. Le ton a été donné par le FLN, ex-parti unique, qui a axé sa campagne électorale sur la nécessité d'une révision constitutionnelle qui permettra de sauter les verrous constitutionnels empêchant le chef de l'Etat d'accéder à un troisième mandat. Par la voix de son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, le FLN s'est déjà lancé dans une sorte d'opération de collecte de signatures de militants et de sympathisants soutenant une troisième candidature du chef de l'Etat, qui n'est autre que l'un des mentors du parti et son chef suprême. L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) sollicite, « au nom des cadres syndicaux, des travailleuses et des travailleurs », le président de la République pour la poursuite de son action en agissant pour un nouveau mandat. La centrale syndicale, dans un communiqué rendu public à la fin de la réunion de son secrétariat national (présidé par Abdelmadjid Sidi Saïd) tenue mardi à Alger, motive son appel par la nécessité d'« approfondir cet inlassable et intense effort pour le développement durable du pays ». La centrale syndicale relève « avec satisfaction » les avancées sociales concrètes pour le monde du travail, dont la promulgation du statut général de la Fonction publique, la création du fonds de réserve des retraites, la grille indiciaire, la conclusion des conventions de branches et d'accords salariaux et l'augmentation du salaire national minimum garanti, ainsi que la conclusion du pacte national et social. Pour sa part, l'Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC) a souligné hier la nécessité pour que le président Bouteflika brigue un troisième mandat. Cela, explique cette organisation, afin de « parachever la construction du pays à la faveur de la démocratie qui s'est concrétisée par l'Etat de droit ». Aussi, l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) abonde dans le même sens pour motiver son appel pour un troisième mandat présidentiel. « L'UNPA est pleinement disposée à appuyer et à soutenir le président de la République en vue d'un troisième mandat présidentiel qui lui permettra de parachever les différents projets et programmes de développement dont les résultats commencent à se faire jour et se reflètent notamment à travers la stabilité permanente à la faveur de la fin de la crise et le recouvrement de la sécurité et de la prospérité », lit-on dans un communiqué rendu public hier. L'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) a, de son côté, salué les réalisations du chef de l'Etat, l'appelant à briguer un nouveau mandat. Cette organisation proche du FLN réitère « son soutien absolu » au Président et son appui à sa candidature pour un troisième mandat. Subtilement, l'Organisation nationale des moudjahidine a annoncé son soutien au chef suprême du pays et à l'Etat algérien « dans toutes les démarches au service du pays », un troisième mandat sous-entendu. Il faut s'attendre à d'autres appels pressants et incessants de la part d'autres organisations satellitaires et de toute association gravitant autour du Pouvoir. Les comités de soutien, créés en 1999, ne tarderont pas, à l'évidence, à réoccuper la scène en vue de baliser le terrain à la succession du président Bouteflika à lui-même. Mise en sourdine depuis l'annonce du chef de l'Etat en décembre 2005, la révision constitutionnelle pour permettre un troisième mandat pour Bouteflika est sérieusement relancée. Les promoteurs zélés de cette réforme à la soviétique la justifient par le fait que les exigences de la stabilité politique et institutionnelle dans un Etat qui vient de sortir d'une crise multiforme supposent de n'imposer aucune restriction à la question du renouvellement de la confiance au Président. D'autres pays, dont la Tunisie, l'ont déjà fait, mais le Pouvoir algérien semble cette fois-ci partir pour battre tous les records. Cela puisque l'enjeu apparaît bien plus important que celui de rajouter un troisième mandat au président en exercice. Il s'agirait surtout de lui offrir la possibilité d'être président à vie.