K. Mostefa-Kara est l'auteur d'un ouvrage paru aux éditions Dahlab, L'Afrique, continent-clé face au défi climatique, dans lequel on trouve plus de détails sur les solutions préconisées contre le réchauffement climatique sous nos latitudes. Quelle appréciation faites-vous de la conférence de Copenhague qui s'est clôturée avec un texte en deçà des attentes ? Le but de cette conférence était d'amener les grands pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES) à s'inscrire dans le processus international de stabilisation des GES pour éviter toute dérive du système climatique mondial. Dans ce sens, cette conférence constitue un pas extrêmement positif car elle a fixé, pour la première fois, avec l'adhésion de l'ensemble des Etats, l'objectif fondamental de 2°C à ne pas dépasser, conformément aux recommandations scientifiques du GIEC (correspondant à une concentration mondiale de GES de 450 ppm). L'absence de consensus sur un accord plus contraignant (43% de réduction à l'horizon 2020), tel que souhaité, a-t-elle des incidences sur nos régions ? Même si les décisions retenues sont en deçà des attentes, la décision des Etats de transmettre leurs inventaires de GES et leurs objectifs nationaux à moyen et long termes constitue une première étape concrète vers une politique climatique et énergétique commune et mondiale, et c'est une première ! Il nous faut continuer à suivre et pousser cette dynamique, à l'avenir, pour atteindre des objectifs chiffrés et contraignants. Cela suppose une forte mobilisation et une préparation des services algériens concernés. Bien évidemment, plus la communauté mondiale prend du retard dans cette lutte et plus le coût socioéconomique sera élevé, notamment dans nos régions qui sont les plus vulnérables au réchauffement climatique. En prévision d'une inévitable hausse des températures, quelles sont les actions qui doivent être menées dans notre pays pour en atténuer les effets ? Pour bien appréhender cette question, il faut rappeler d'abord le lien étroit entre le climat et l'énergie, c'est-à-dire le lien entre la croissance économique et l'augmentation anthropique des GES, lien qu'il est indispensable de briser aujourd'hui. Cela doit se traduire par des plans d'action et des projets transnationaux et continentaux concernant le développement des énergies solaire, verte et industrielle, la protection des forêts tropicales du bassin congolais, avec un aménagement et une gestion rationnelle des ressources hydriques considérables de la région tropicale. Cette politique est parfaitement réalisable grâce aux nouveaux systèmes de financement innovants retenus dans la feuille de route de Copenhague. Y a-t-il en Algérie une politique du climat ? Que fait-on pour promouvoir les énergies renouvelables ? Sur le plan institutionnel et réglementaire, la création, depuis 2005, de l'Agence nationale des changements climatiques (ANCC) et de l'Autorité nationale chargée du mécanisme de développement propre (MDP) prévu dans le Protocole de Kyoto, est une réalité. Cependant, aucun projet qui aurait pu être financé par ce mécanisme MDP n'a vu le jour jusqu'à présent dans notre pays. Cela implique une grande mobilisation des décideurs et de la société civile, à l'avenir, pour l'appropriation des enjeux du défi climatique qui amènera l'émergence d'une conscience écologique forte, prélude à une croissance économique verte.