Plusieurs journalistes présents au séminaire se sont montrés intéressés par le parcours méritoire du quotidien El Watan. Le projet algérien de créer des centres de formation a beaucoup plu aux experts. Tbilissi (Géorgie) De notre envoyé spécial Un séminaire de deux jours ayant pour objectif de dégager les besoins en formation (initiale et continue) et en management des médias dans la région du Caucase, organisé à l'initiative de la célèbre Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ - Lille) et du Georgian Institut of Public Affairs (GIPA), s'est tenu la semaine dernière à Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Une dizaine d'experts des médias originaires de Roumanie, de Turquie, de Pologne, d'Algérie, d'Ukraine, de Géorgie, d'Azerbaïdjan et de France a pris part à ce workshop soutenu par le Conseil de l'Europe et l'ambassade de France en Géorgie. Dans son allocution d'ouverture, Mme Florence Marshall, directrice générale des droits humains au Conseil de l'Europe a soutenu que « la liberté et l'indépendance des médias constituent l'un des fondements d'une société démocratique, l'un des moteurs de la transition démocratique et l'une des conditions de la stabilité démocratique ». Partant, elle s'est dite convaincue que « pour que les médias fonctionnent correctement, les journalistes doivent faire preuve de responsabilité et de professionnalisme, ce qui ne peut être obtenu que par l'éducation et la formation professionnelle. » D'où, a ajouté Mme Marshall, l'intérêt pour les journalistes de Géorgie et de la région du Caucase du workshop co-organisé par l'ESJ Lille et le GIPA. Tout en assurant ces derniers du soutien de l'institution qu'elle représente, Mme Florence Marshall a fait savoir que « l'assemblée parlementaire est consciente des défis qui se posent aux médias et aux journalistes en Europe, en particulier, la transition entre le totalitarisme et la démocratie à travers l'Europe, les avancées technologiques des nouveaux médias numériques ainsi que la mondialisation croissante des flux et des marchés de l'information ». Premier expert à prendre la parole, le doyen de la faculté de journalisme de Bucarest, Mihaï Coman, s'est fait un plaisir d'offrir à ses collègues de la région du Caucase la recette miracle qui, selon lui, peut permettre de « monter » une école de journalisme conforme aux standards occidentaux et donc capable de répondre concrètement, en termes de formation, aux besoins des médias. Pour y parvenir, M. Coman a soutenu la nécessité, entre autres, de travailler davantage avec les journalistes professionnels, d'éviter d'intégrer dans le corps professoral de vieux enseignants et de prodiguer un enseignement trop académique. Pour les pays en transition, le doyen de la faculté de journalisme de Bucarest a recommandé de privilégier la formation de formateurs. Pas possible de faire du jeune avec du vieux ! La démarche défendue par M. Mihaï Coman a obtenu le soutien franc de Krzysztof Urbanowich, le directeur de Mediapolis, un cabinet polonais spécialisé dans les solutions presse, et du docteur E. Nezih Orhon, professeur à l'université Anadoulou de Turquie. M. Urbanowich qui a été responsable d'une école de journalisme avant de créer son propre bureau de consulting a expliqué que pour insuffler un esprit nouveau à son école de journalisme, il avait décidé d'en interdire carrément l'entrée aux non-journalistes professionnels et aux enseignants issus de la vieille garde. Dans le même registre, les journalistes géorgiens tout autant d'ailleurs que d'autres confrères d'autres pays du Caucase se sont montrés intéressés par le parcours méritoire du quotidien El Watan et, particulièrement, par les alternatives trouvées par le conseil d'administration du journal pour pallier l'inexistence en Algérie d'un véritable centre de formation pour journalistes professionnels. A ce propos, l'idée d'El Watan de consacrer, particulièrement, chaque année, un budget assez conséquent à la formation de ses journalistes et de nouer un partenariat avec l'ESJ de Lille pour encadrer, justement, les formations arrêtées, devrait certainement se voir très vite appropriée par les médias du Caucase. Des médias dont les problèmes et les préoccupations ne sont pas très éloignés de ceux que connaissent aujourd'hui les journaux algériens. Le projet porté, durant un temps, par un groupe de quotidiens privés algériens parmi lesquels figurait El Watan de créer leur propre centre de formation a également beaucoup plu aux experts présents. D'ailleurs, les débats étaient tellement intéressants que M. Yves Renard, directeur du département international de l'ESJ de Lille, a promis de penser à organiser un nouveau tour de table pour approfondir la réflexion sur les besoins en formation dans la région du Caucase et commencer à concrétiser la multitude de bonnes idées déjà recensées.