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Les racines du mal
Publié dans El Watan le 01 - 10 - 2014

Comment une telle situation a pu perdurer depuis près de 38 ans sans que cela ne soit désignécomme un ahurissant scandale ? «La disparition d'un acte médical du cursus à la faculté de médecine n'émeut pas grand-monde chez les profanes, mais la responsabilité morale des initiés reste entière», nous confie le professeur Bousafsaf Badreddine. Que peut signifier la disparition de la dissection anatomique pour le grand public ? Pas grand-chose, sinon une docte affaire du ressort du microcosme de la mystérieuse citadelle medicale. Pourtant, il a fallu que le couteau arrive à la gorge pour que les langues se délient.
«Nous sommes livrés à des bouchers incultes ! Les jeunes médecins apprennent ‘l'hffafa fi rass lytama' (ils apprennent la coiffure sur les têtes des orphelins, proverbe)», criait le père d'une patiente décédée suite à une ablation de l'appendicite. Le malheureux ne croyait pas si bien dire en évoquant le triste souvenir des barbiers-prosecteurs du Moyen-âge. «Nos chirurgiens apprennent sur le vivant», nous confirme notre éminent interlocuteur (lire l'extrait de son courrier adressé au président Bouteflika). Le constat est grave mais sans aller vite en besogne en chargeant les seuls jeunes médecins, soient-ils mal formés, il convient de leur octroyer le droit à la défense. Les jeunes chirurgiens que nous avons interrogés ont tous refusé de témoigner sur les cas d'erreurs médicales, ils ont également tous souhaités garder l'anonymat de peur de perdre leur emploi, qu'ils considèrent d'ailleurs «extrêmement précaire».
Côté labo, d'anatomie s'entend, nous nous somme entretenus avec des étudiants en médecine venus visiter le musée d'histoire naturelle. Ces jeunes, qui déambulent entre les galeries où trônent squelettes et coupes sur sujet anatomique (cadavre), semblent éviter de croiser le regard du directeur du laboratoire d'anatomie, le professeur Hamoudi, de passage au musée. «Bonté divine ! Pourquoi crois-tu qu'on trempe des poupées dans le formol ?» lance le professeur en à une étudiante, qui venait de remarquer que «les figurines des fœtus étaient très réalistes»… L'étudiante, gênée, quitte précipitamment les lieux, visiblement choquée par sa première confrontation avec un sujet anatomique. «Et voilà le résultat», nous confie le professeur Hamoudi.
«Bien avant l'apprentissage des techniques chirurgicales, la dissection de cadavres permet aux étudiants d'appréhender la philosophie de la vie et de la mort.Vient ensuite l'émerveillement devant la perfection du corps humain. Hélas, on voit désormais des chirurgiens tomber dans les pommes à la vue de blessés !» Et d'ajouter : «Il est grand temps de rétablir l'étude de l'anatomie, la religion le permet, la fatwa existe, mais pas le décret de ces messieurs ! Venir encore après trente ans mettre cela sur le dos de prétendus dysfonctionnements techniques ne tient plus la route.»
Inquisition
En revenant sur la genèse de cette affaire, nous avons constaté que les témoignages sur cette question étaient rares. Mais selon quelques observateurs, l'interdiction de la dissection sur cadavre a été prise officieusement en 1976, sous la pression du courant islamiste du vieux parti unique. «En 1976, personne n'osait contester ! L'époque n'était pas propice à l'opposition. Cette année-là, le pouvoir avait donné le ‘la' avec l'arrestation et la dépossession du pharmacien Benkhedda», se souvient un pharmacien de Constantine. Le vieux retraité garde intacts ses réflexes d'antan. Il préfère garder l'anonymat. Mais quoi qu'en pensent d'aucuns, tous désignent les rangs de la nomenclature d'inquisiteurs tapis dans l'université, nourris par l'idéologie du pouvoir politique, plus seigneuriale que le seigneur et zélée dans l'observation des interdits officieux de cet amorphe «référent religieux national» plus islamiste que l'islam.
Car si l'on se réfère à l'islam pour élucider la question de la dissection anatomique, on n'a même pas besoin d'évoquer le lointain souvenir d'Aboulkacem Al Zahrawi (Abulcassis) l'Andalou qui, par sa pratique de la dissection, déjà tolérée à son époque (XIe siècle), devint une éminente référence en chirurgie et ses connaissances anatomiques sont encore vantées dans les collèges d'anatomie de par le monde. Sans remonter si loin il nous suffit de consulter la fatwa de cheikh Hamani sur le sujet, qui est on ne peut plus claire. Or, nos pauvres «déshérités» professeurs de médecine comptent toujours sans l'onction de la science religieuse du collège des «barbéfélènes» encore tapis dans les entrailles du pouvoir. «Il faut renouer avec l'islam de Cordoue», a récemment déclaré le ministre du culte.
Excellent ! Il manque, toutefois, les paraphes des ministres de l'Enseignement supérieur et de la Santé pour renouer techniquement avec Cordoue d'Al Zahrawi, le maître-dissecteur. Il semble bien que cette affaire est encore loin de trouver son épilogue et que les membres de la société médicale qui attendent encore la concrétisation de promesses jamais tenues par les ministres successifs sont tels ceux qui attendaient Godot. Sans qu'ils sachent précisément ce qu'ils sont censés leur apporter En, attendant, ils tentent de trouver des «distractions» pour que le temps passe. Ainsi, au lieu disséquer pour couper net les racines du mal, on se contente de mettre du baume sur la plaie, comme évoquer la romance de l'islam de Cordoue dans des envolées lyrico-métaphysiques, sans s'atteler à l'examiner dans l'espoir d'y déceler ne serait-ce que d'infimes signes de vie. On a beau tourner autour du pot, les civilisations ne se sont pas bâties sur les beaux discours.
En vérité, la déchéance de nos institutions universitaires synthétise l'esprit de notre époque. Quant au cadavre «encerclé» de la civilisation arabo-musulmane, il est bel et bien mort pour la simple raison que le mal qui l'a chassé d'Andalousie a fini par le rattraper et l'achever sur la rive africaine. Ce mal a un nom : l'inquisition.


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