De source proche du Premier ministère, on apprend que l'article 69 de la loi de finances complémentaire pour l'année 2009 sera très prochainement réaménagé à l'effet de permettre aux entreprises de production de recourir à des formules de paiement des importations autres que le crédit documentaire (remise documentaire, lettres de crédit) pour s'approvisionner en matières premières et autres inputs nécessaires à leurs chaînes de fabrication. On ignore par quel artifice juridique (décret exécutif, simple circulaire ministérielle...) la disposition de nature législative sera remaniée pour permettre aux entreprises concernées de payer leurs importations par d'autres moyens que le crédit documentaire, mais on sait d'expérience que les autorités algériennes ne se sont jamais encombrées de rigorisme juridique lorsqu'elles décident d'effectuer, sous la pression des événements, des changements d'une telle nature. Les associations patronales, telles que le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP) – qui détient près de 70% du marché du médicament –, pour ne citer que celles-là, ont en effet énergiquement interpellé le gouvernement sur les graves conséquences de la généralisation du Crédoc, qui a commencé à se traduire par des ruptures d'approvisionnement de matières premières, des arrêts de production avec mise au chômage technique et des pénuries de produits finis. Les rapports alarmants des walis faisant état de graves dysfonctionnements, aussi bien, au niveau des unités de production que des marchés et la lettre de l'UNOP mettant en garde contre une pénurie de médicaments à grande échelle dans les tout prochains mois, ont certainement contribué au revirement législatif que compte opérer prochainement le Premier ministre. Il faut dire que l'imposition irréfléchie, non concertée et, pour le moins, précipitée du crédit documentaire comme unique moyen de paiement des importations, a mis ce qui reste de l'outil de production algérien dans un état de marasme sans précédent. Non seulement les entreprises industrielles n'étaient plus en mesure d'importer leurs matières premières, pire encore, elles furent contraintes à abandonner les bonnes relations commerciales, basées essentiellement sur la confiance mutuelle, qu'elles avaient patiemment tissées avec leurs fournisseurs. L'obligation de recourir au crédit documentaire les avait par ailleurs jetées pieds et poings liés entre les mains de leurs banques dont le personnel n'était pas suffisamment formé à ce mode de paiement exigeant une certaine technicité. L'encombrement des banques et l'inefficacité des préposés aux guichets avaient sapé le moral de nos industriels qui étaient tentés de se reconvertir dans des activités de bazar plus lucratives et certainement plus faciles à assumer que celles des producteurs. Les importateurs de produits finis continueront quant à eux à être soumis au régime du crédit documentaire, dont ils se plaignent à juste titre de la complexité du montage, de la non-préparation des banques, de la cherté des procédures et du coût élevé des taxes imposées par l'article 63 de la loi de finances complémentaire. Au gouvernement qui tient à assujettir les importateurs de produits finis à ce seul mode de paiement qui permettrait de réduire la facture d'importation et d'assurer la traçabilité des transferts de devises, ces derniers rétorquent par une mise en garde contre les pénuries qui affectent déjà une très large gamme de produits importés et les hausses de prix que ne manquera pas de générer le coût élevé du crédit documentaire.