Intervenant, hier, au forum de Liberté, le porte-parole de l'Union démocratique et sociale (UDS, non agréée), le député Karim Tabbou a estimé qu'il est «nécessaire de fixer un cap politique et préparer les conditions pour se doter d'une nouvelle architecture institutionnelle» et ne pas se suffire de proclamations. Pour lui, il est urgent de forger «un compromis historique qui passerait par l'acceptation par le pouvoir de la nécessité du changement en renonçant à sa ruse et par une opposition qui devrait renouer avec la population afin retrouver une confiance perdue et enfin réhabiliter le politique». Les deux parties – pouvoir et opposition – «doivent faire leur examen critique, car il y va de l'avenir du pays», plaide-t-il. M. Tabbou, qui n'a pas ménagé le pouvoir, a également décoché ses flèches en direction de l'opposition : «Nous vivons dans un pluralisme de façade, une classe politique sclérosée, nous sommes des démocrates non pratiquants.» S'il se félicite que des partis de l'opposition qui se sont livré une guerre civile permanente réussissent à se regrouper dans un pôle politique et à discuter, il ne s'empêche pas de critiquer la démarche : «Il ne faut pas se limiter à la proclamation de principes et de valeurs, que je partage par ailleurs. La CNLTD doit se doter d'un plan d'action et d'échéances claires et pratiques.» Redoutant le pire, Karim Tabbou met en garde contre de désastreuses conséquences de l'impasse politique actuelle : «Si nous persistons dans cette logique, nous allons droit dans le mur.» Ancien dirigeant du FFS qu'il a quitté en 2012, M. Tabbou évoque une situation d'instabilité institutionnelle, d'absence de l'Etat et de caporalisation de l'économie nationale. «Sans perspective, le pays est dans une paralysie institutionnelle et tourne dans le vide, sans aucune vision économique, l'Etat a renoncé à ses fonctions essentielles. Le pays vit une situation de blocage global», fustige le député de Tizi Ouzou. S'il ne s'attarde pas sur l'absence prolongée du chef de l'Etat pour raisons de santé, le dirigeant de l'UDS juge que «l'absence du Président n'en est qu'une autre qui s'ajoute à d'autres, même si effectivement elle aggrave l'absence des autres institutions». S'agissant du refus par le ministère de l'Intérieur d'accorder l'agrément à son nouveau parti, Karim Tabbou estime que l'UDS est «victime d'un marchandage et d'un blocage politique. Il ne s'agit pas d'un blocage administratif, car nous avons rempli toutes les conditions exigées par la loi. En refusant de nous accorder cet agrément, le pouvoir empêche un renouveau politique porté par une nouvelle génération de militants». Mais il promet de se «battre par obtenir le droit d'exercer son droit constitutionnel de fonder un parti politique». Il dénonce vigoureusement le fait qu'«un homme qui a porté les armes (Madani Mezrag, ndlr) soit hissé au rang de personnalité nationale à qui l'on demande son avis sur la révision de la Constitution, pendant que nous, nous sommes interdits de faire de la politique».